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De Gebroeders Schimm de Michael van Ostade

Publié le 06/09/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

La Belgique est la victime éternelle de la terrible richesse de son trilinguisme. Un état de faits qui a malheureusement privé le public francophone de cette pépite de cinéma qu’est De Gebroeders Schimm de Michael van Ostade. Redécouvert au BIFFF, cette “lettre d’humour” au cinéma des années 1980 et 1990 est un délice, à déguster sans modération en famille ou entre amis nostalgiques.

De Gebroeders Schimm de Michael van Ostade

Car dès les premiers instants du film, l’on ne peut s’empêcher de sourire face aux clins d'œil délectables à Ghostbusters, aux Gremlins et autres films cultes des eighties, avec lesquels les réalisateurs ont eu la chance de grandir. “C’est une introduction parfaite au cinéma d’horreur et de genre. Ce que nous avons reçu au début de notre adolescence grâce à ces oeuvres désormais cultes, nous avons voulu le transmettre aux plus jeunes générations avec ce film”, affirmait avec émotion Andrew van Ostade, acteur, co-scénariste et frère du cinéaste venu présenter le film au festival face à un jeune public attentif.

Des filles et garçons qui n’auront aucun mal à s’identifier à la kyrielle de personnages attachants qui parsèment le récit, à commencer par sa protagoniste principale, Lilith (Eva Luna Van Hijfte). Une adolescente qui ne rêve que de devenir archéologue ou chasseuse de fantômes, inspirée par les romans d’aventure de son héroïne favorite. Et lorsque, contrainte par sa mère à l’internat, elle y découvre de nombreux démons et autres créatures démoniaques, il ne lui faudra que quelques séquences bien senties pour se retrouver à la tête d’un trio de chasseurs de fantômes n’ayant rien à envier à Bill Murray et ses complices. Brillamment écrit, criblé de jeux de mots subtils qui feront le régal de celles et ceux maîtrisant la langue de Vondel, De Gebroeders Schimm respire l’amour du cinéma et la passion que le duo a su insuffler à toute l’équipe de production. Au-delà d’un simple hommage narratif, De Gebroeders Schimm est aussi un joyeux retour aux effets spéciaux old school fait de carton-pâte et de bric-à-brac. Ainsi, vous vous émerveillerez devant ce "monstroteuil" qui hante les couloirs de l’Ikea de Zaventem, mitraillant des crayons et avalant les télécommandes comme les miettes de chips. Et vous tremblerez devant ces “émons”, esprits frappeurs qui hantent les jeunes et les poussent aux pires absurdités. Et, porté par des mouvements de caméra impressionnants et des plans-séquence délicieux, vous prendrez un malin plaisir à vivre au rythme de cet internat pas comme les autres. Une école - comme un film - où la diversité semble si naturellement implantée que l’on ne peut que regretter le regard encore affiché sur ce point par certains chantres du cinéma belge francophone, n’en déplaise à ces réactionnaires soi-disant champions de la liberté de l’artiste.

De par tous ces aspects - sans oublier sa musique, et certaines séquences proprement cauchemardesques qui mériteraient des textes à elles seules -, Gebroeders Schimm est la preuve qu’un cinéma belge de genre peut exister aussi auprès du jeune public, et qu’Hollywood n’a pas le monopole des belles histoires. Passez donc la barrière de la langue en famille, et plongez-vous allègrement dans ce pur moment de cinéma.

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