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Des nouvelles de la planète Mars - En salles le 09/03

Publié le 08/03/2016 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Le rire du fou
Le quotidien banal et terriblement ennuyeux d'un père divorcé se trouve submergé par une vague de folie qui le forcera à sortir de son immobilisme déprimant. Quatre ans après son dernière long-métrage « Le Moine » et un passage par la télévision pour laquelle il a réalisé deux épisodes de la série franco-britannique “Le Tunnel”, Dominik Moll réalise une comédie loufoque et brillante où les acteurs prennent le plus grand plaisir à nous offrir des performances jubilatoires.

 

Des nouvelles de la planète MarsPhilippe Mars est un ingénieur en informatique dont le travail ne semble guère satisfaisant. Coincé dans une routine qu'il souhaite tranquille, son univers morne va peu à peu partir en vrille. Entre un fils collégien soudain devenu végétarien, une fille lycéenne accro à la réussite scolaire, une sœur artiste aux œuvres très impudiques et une ex-femme journaliste qui bosse à la télévision, il ne trouve pas sa place ou pour mieux dire, il ne parvient pas à en bouger, de sa place médiocre et confortable. Habitué aux atmosphères étranges et aux univers soudain enrayés par l'intrusion d'un élément imprévisible, Dominik Moll retrouve cette trame scénaristique mais choisit clairement le ton de la comédie. Le grain de sable est ici Jérôme, le collègue de Philippe Mars, qui, après l'avoir envoyé à l'hôpital de manière étourdissante, va s'incruster doucement mais sûrement dans l'appartement de ce dernier jusqu'à en faire craquer l'étouffante normalité. Servi par des dialogues souvent savoureux et des scènes totalement délirantes, le film, à l'image du personnage principal qui perd tout contrôle, s'emballe et les aventures s'accumulent frénétiquement dans un amoncellement absurde, trépidant. Ainsi l'appartement du personnage principal devient le lieu concret du désordre qui saisit sa vie, petit à petit envahi par le monde extérieur, la folie (le collègue et son amie), l'anticonformisme (les grenouilles du fils). Si l'on rit beaucoup, cela n'empêche pas le cinéaste de glisser de l'étrangeté, des décalages surprenants. Ainsi, le personnage de Jérôme, totalement borderline, interroge les normes et les limites. En cela, il rappelle le fameux « Harry, un ami qui vous veut du bien » réalisé par Moll en 2000 mais dans une version grotesque et au final, bienveillante. De même, l'apparition du fantôme des parents relèvent tout à la fois du fantastique et de la pure comédie.
Entouré par des comédiens déchaînés qui révèlent un talent (Tom Rivoire et Jeanne Guittet, les deux jeunes acteurs) ou le confirment (Vincent Macaigne et Veerle Baetens), François Damiens réalise une interprétation juste et nuancée pour un rôle pourtant en retrait par rapport à l'exubérance des autres personnages. Et si l'on pourra reprocher au réalisateur de dérouler son film en vase clos, dans un univers de studio parfois trop théâtral et artificiel, on ne boudera pas son plaisir et on acquiescera à la morale de la fable : « Libérons notre gorille intérieur ! ».

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