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Dis pas merci de Diane Philipovitch

Publié le 26/03/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Tout commence comme une matinée on ne peut plus normale dans le court-métrage Dis pas merci de Diane Philipovitch. Avec une simplicité espiègle et une technique maîtrisée, la réalisatrice nous installe dans l'univers de papier de sa protagoniste où il semble faire bon vivre. Son nom et son identité importent peu, mais son énergie est communicative. La proposition animée de la réalisatrice s'annonce comme un instant de gaieté et de bonne humeur, à l'image de son personnage.

Dis pas merci de Diane Philipovitch

"Jusqu'à ce que le couperet tombe, à peine au bas de sa porte."

Deux regards, deux phrases inaudibles mais au sens sans équivoque, et voilà la triste réalité qui vient percer la bulle dans laquelle nous avait installé le film. Soudain, le spectateur comprend que c'est le genre du personnage qui compte. Car Dis pas merci est, au-delà d'une pépite d'animation, un message puissant sur le harcèlement de rue et sur ces agressions quotidiennes.

À travers cette expérience, cette mise en lumière de l'invisible d'un quotidien méconnu ou trop mal connu, Diane Philipovitch partage ce que vivent trop régulièrement les femmes dans l'espace public, rappelant un Crocodiles de Thomas Mathieu, le vécu personnel en plus. Très imagé, inventif dans sa représentation, le court-métrage accumule les situations d'objectification aussi tristement réelles qu'elles semblent abracadabrantesques. Et ce, jusqu'à l'overdose de sa protagoniste, jusqu'à la noyade littérale comme figurée. Sans jamais s'embarrasser de mots ou de débats, la réalisatrice pose un constat sans équivoque sur la société qui l'entoure, incontestable.

Un coup de gueule animé auquel on ne peut que souscrire. Édifiant.

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