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Dormir au chaud de Pierre Duculot

Publié le 13/07/2006 par Katia Bayer et Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

Grand Prix du Festival "Le court en dit long", Dormir au chaud est le premier court de Pierre Duculot que nos internautes connaissent habituellement dans l’habit du critique. Cette fois, ce fou de films a décidé d'en réaliser un. Deux mondes s'y opposent : mutisme et rudesse, renoncement et lutte, jeunesse et vieillesse, ruralité et urbanité. Le rapprochement est-il possible?

Sandrine (Christelle Cornil), jeune SDF urbaine, fait étape, en plein hiver, dans une ferme hennuyère tenue par Marthe (Denyse Schwab), une septuagénaire qui l’accueille avec méfiance. Au moment de la rencontre, les personnalités et les parcours divergent : Marthe ne connaît que la vie de la ferme (se lever à l’aube, traire les vaches, préparer la soupe) alors que Sandrine semble avoir rompu avec sa famille et parcourt les routes, munie de son sac à dos et de son nomadisme. Ces deux femmes solitaires paumées vont être amenées à cohabiter et à quitter leur bulle respective en devenant amies, ce qui heurte leur environnement.

Mais elles, elles sont fortes et s'en fichent : elles n'ont pas besoin des autres puisqu'elles se sont trouvées. Et puis, il y a les vaches, la couture, les repas et la danse dans le salon. Que demander de mieux? L'amitié féminine, c'est ça aussi : des petites choses, des chouettes regards et des grands fous rires.

Pourtant, ce lien peut se maintenir même à distance. D'ailleurs, Sandrine va la récupérer, sa solitude. En même temps que son sac, son errance et son aventure. Et Marthe? Ah, Marthe, elle, elle ne lâchera jamais sa terre, ses repères mais elle y gagne aussi : elle découvre que les humains peuvent être gentils et émouvants.

C'est tout? Oui. Le court métrage peut aussi se frotter au réel, aux décors hennuyers, au gravier devant les maisons, aux routes grises marquées de blanc et à des petites phrases qui font sourire (« allez, viens. On n’est pas des tristes, mon pote et moi ! »). Et devant Dormir au chaud, ce premier essai artisanal que Duculot a fait avec ses copains, on a une pensée pour l'émouvant Sans Toit ni loi de Varda dans lequel l’histoire d’une jeune vagabonde (Sandrine Bonnaire) nous était contée. Un titre, salué par un Lion d’Or à Venise qui marquait les débuts de Yolande Moreau au cinéma.
Dormir au chaud a remporté le Grand Prix au festival "Le Court en dit long" et Christelle Cornil y a obtenu le Prix d'interprétation féminine (ex-aequo avec Révolution de Xavier Diskeuve).

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