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Drosera de Maud Carpentier & Boris Tilquin

Publié le 24/10/2024 par David Hainaut / Catégorie: Critique

Alice au pays des motos

C'est à Bruxelles, par une avant-première au cinéma Palace, que ce court-métrage belgo-français de 23 minutes a été dévoilé mi-septembre, quelques semaines avant d'être montré dans l'Hexagone, à Strasbourg. Ambitieux, car soutenu par les Centres du Cinéma belge et français, cette première (co)réalisation est signée Maud Carpentier et Boris Tilquin, jusqu'ici connus comme auteurs. Le duo a attribué le rôle central à - l'excellente - Mailys Dumon, vue dans la série Ennemi Public.

Drosera de Maud Carpentier & Boris Tilquin

Croisée en juin, Maud Carpentier, une scénariste française établie chez nous - qui co-écrit en ce moment deux séries, Alma et Ghost Society -, nous avait confié la finalisation de son premier court-métrage, budgétisé à 150 000 euros. Tout en nous prévenant déjà d'une avant-première, qui aurait lieu trois mois plus tard. Une entreprise forcément intrigante, vu ce montant inhabituel pour un film court de fiction chez nous. Dans l'après-midi du 17 septembre en effet, son co-réalisateur Boris Tilquin, ex-vice-président de l'Association des scénaristes (ASA), nous conviait à cet événement le soir même (!), chapeauté par leurs productions belge (Narrativ Nation) et française (Jabu Jabu). Le récit de Drosera – qui désigne une plante insectivore - évoque celui d'Alice (Mailys Dumon, donc), une adolescente férue de motocross baignant dans un univers (très) masculin. Suite à un événement, elle se verra malgré elle dotée de pouvoirs surnaturels. Des facultés qui pourraient l'aider à surmonter l'épisode qu'elle a vécu? Étant donné le format évidemment, on n'en dira pas davantage...

Verdict? Bien écrite, bien réalisée et portée avec brio par Dumon (une comédienne belge à suivre), cette œuvre filmée dans les Vosges durant l'été 2023 fait mouche. Aussi bien pour le sujet de société qu'elle aborde, que pour ses effets spéciaux aboutis et rarement vus dans le cinéma belge. Ce qui, bien sûr, explique le coût du film, qui bénéficie de la présence d'autres interprètes de qualité (citons Louka Minnella, vu dans la série Coyotes), et de références derrière la caméra. Comme Nastasja Saerens (à l'image) et Luis Trinques (au son), qui ont œuvré sur la série à succès Zone blanche. Ou encore, le décorateur Luc Noël (la série Les Rivières pourpres) et le cinéaste Stéphane Castang (Vincent doit mourir), consulté ici pour le scénario. Épinglons aussi l'expérimenté Nicolas Gillard (de la société Umedia), coordinateur des importants effets visuels. Un film tourné en écoproduction - pour limiter l'impact sur l'environnement - et symbolisant l'ouverture plus large au cinéma de genre, souhaitée par les instances. Tout en plaisant aux nombreux amateurs d'un cinéma à ne pas toujours mettre devant toutes les paires d'yeux - c'est le cas ici -, il devrait connaître une belle carrière dans les festivals spécialisés du monde entier. Carpentier et Tilquin viendront par ailleurs évoquer leur expérience commune le vendredi 1er novembre (à 17h) à Namur, dans le cadre du 7e ARFF (Aaaargh Rétro Film Festival), le festival wallon du cinéma de genre.

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