Elles votent comme papa de Marianne Klaric

26 juin 1949 en Belgique. Les femmes honorent en nombre leur récente acquisition du plein droit de vote en obtenant la possibilité de donner leur avis aux élections provinciales et législatives (elles avaient déjà le droit de vote aux communales depuis 1920). 9 juin 2024, 75 ans plus tard, elles ont vu leur place dans le monde politique s'accroître, leur ambition s’étendre, leur légitimité s’approfondir. Mais dans les coulisses, le chemin a été long et semé d’embûches. 

Alternant entre images d’archives et interviews face caméra de diverses figures politiques anciennes et actuelles ainsi que d’expertes, la réalisatrice Marianne Klaric brosse le portrait de cette lutte pour les électrices et pour les femmes politiques, à s’installer durablement et de manière crédible dans le jeu politique. Du droit de vote, à la présence dans les assemblées du pays d’élues reconnues, jusqu’au traitement à l’échelle nationale et internationale de ses représentantes à égalité avec leurs confrères.

Une guerre dans laquelle les hommes se sont permis tous les coups bas. Renvoyant les femmes à leur “nature fragile et dominée par leurs émotions”. Utilisant la pseudoscience que fut la morphopsychologie pour prouver qu’elles étaient peu fiables, après s’en être servi pour justifier la fausse croyance de supériorité des races quelques années auparavant. Se servant enfin, du 7e art comme outil de propagande. A ce combat déjà ardu, qui des années 90 où seulement 10% des élus étaient des femmes a vu la parité s’installer dans les hémicycles, s’est ajouté celui du harcèlement moral et sexuel, de la violence contre les femmes qui l’accompagne : le #Metoo politique.

Entre vent d’espoir de pouvoir obtenir plus d’égalité, désarroi face à un monde politique cruel, violent et misogyne, le documentaire de Marianne Klaric détaille en peu de temps, la complexe réalité d’une lutte encore en cours, et dont les victimes furent nombreuses. Bien loin du message (trop) simple du film C’è ancora domani de Paola Cortellesi, qui semble positionner l’acquisition du vote comme une échappatoire magique, un deus ex machina, une arme miraculeuse, Elles votent comme papa insiste et signe : l’acquisition du droit de vote pour les femmes n’a été qu’une bataille dans une longue guerre de tranchées loin d’être terminée, et les hommes un ennemi sanglant. Une lutte qui se poursuit cette année, les 9 juin et 13 octobre dans les urnes, pour passer d’une société où les femmes ne sont plus seulement la moitié des gouvernées, mais aussi la moitié des gouvernantes.