En DVD : Chacun son cinéma, édition du Festival de Cannes
À peine terminée, la soixantième édition du Festival de Cannes publie un DVD d’un de ses fleurons : Chacun son cinéma. Une idée épatante de Gilles Jacob qui a demandé à 32 cinéastes ayant participé au Festival de réaliser un court métrage de trois minutes sur le sujet de la salle de cinéma (son passé, son avenir). Un thème particulièrement vif au moment où de nouvelles formes de diffusion apparaissent : le téléchargement sur internet (une piraterie officielle), l’accroissement de la VOD. Cinq pages et 25 pays déploient leur talent en nous démontrant que le cinéma renouvelle sa création et n’a pas fini d’étonner comme le souligne Gilles Jacob qui a conçu et produit le film. On vous parle des courts les plus appréciés...
Dans l’obscurité de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Un garçon (Jérémie Segard) se glisse entre les fauteuils d’une salle de cinéma en espérant voler un GSM dans le sac d’une jeune fille (Emilie Dequenne). Le style narratif des frères Dardenne est basé sur l’élision. Cette fois, pas d’alternance de lenteur et d’accélération mais un final désorientant, surprenant !
Rencontre unique de Manuel de Olivera. Ahurissant comme beaucoup de films du réalisateur portugais. On y voit un Michel Piccoli encore plus étourdissant que d’habitude. Les images sont en noir et blanc sans son avec des cartons qui commentent les scènes. Le premier : "ceci s’est passé lors de la rencontre entre Kroutchev et le pape Jean XXIII". Oui, oui, et cela devient de plus en plus loufoque.
Anna de Alejandro Gonzalez Inarritu. Un bel hommage à Jean-Luc Godard. Un couple regarde dans une salle de cinéma Le Mépris de Godard. On entend le son, on ne voit pas l’écran la jeune fille étant aveugle (son compagnon lui décrit les scènes du film dont elle n’entend que le son).
It's a dream, C’est un rêve de Tsai Ming-Liang. « J’ai rêvé de mon père jeune homme, il me réveillait en pleine nuit… Ma Grand mère aimait le cinéma. Chaque fois qu’elle m’y emmenait, elle m’offrait des poires », murmure Lee Keng-Shen, l’acteur favori de tous les films de Tsai Ming-Liang. On n’est pas très loin de
Goodbye Dragon Inn (Bu San) qui nous emmenait déjà dans une salle de cinéma proche de la dernière séance prête à fermer ses portes.
J’ai fait 9000 kilomètres de Wong Kar-Wai. Gros plan des mains d’un homme et d’une femme. Une image toujours en mouvement. « L’année où je l’ai rencontrée, j’ai ressenti un désir inhabituel très fort… C’était un après-midi très chaud du mois d’août ». Le film nous plonge dans le monde empreint de mélancolie qu’affectionne Wong Kar-Wai. Dans son style visuel et sonore très recherché, le réalisateur joue avec la musique. Le film s’achève avec un extrait des Suites pour violoncelles de Jean-Sébastien Bach.
Artaud Double Bill d’Atom Egoyan. Projection de Vivre sa vie. Une spectatrice regarde d’un œil, l’autre accroché à l’écran de son GSM. D’autres films s’incrustent à l’écran. Sur l’écran du GSM, se succèdent un gros plan d’Antonin Artaud (du Procès de Jeanne d’Arc de Dreyer) avec un gros plan d’Anna Karina (Vivre sa Vie).
The electric princess picture de Hou Hsiao-Hsien. Fidèle à son exigence stylistique, le réalisateur d'Un été chez Grand père et de Millenium Mambo utilise de très longs plans fixes d’une grande perfection formelle. La caméra enregistre un militaire et sa famille qui se glissent dans une étrange salle de cinéma. Il y a, dans ce film, une grande mélancolie urbaine que l’utilisation du noir et blanc déploie plus encore.
Chacun son cinéma, 60ème Festival de Cannes, 33 réalisateurs. Une idée de Gilles Jacob. Studio-Canal. Diffusion en Belgique : Twin Pics.