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En DVD : Dieu seul me voit et Liberté Oléron de Bruno Podalydès

Publié le 13/07/2007 par Katia Bayer / Catégorie: Sortie DVD
En DVD : Dieu seul me voit et Liberté Oléron de Bruno Podalydès

Récemment, son histoire de place de parking et de sentiments vécue au coeur de Montmartre se faisait repérer dans le film à sketches, Paris, je t'aime. Avant cela, il s'était initié à l'univers de Gaston Leroux avec Le Mystère de la chambre jaune et sa suite, Le Parfum de la dame en noir. Mais c'est la comédie humaine qui a, avant tout, révélé Bruno Podalydès ainsi que son acteur de frère, Denis, qu’il met en scène dans des pubs pour Air France et au cinéma, dès Voilà, un court-balade entre un père et son fils âgé de deux mois. Le film suivant, c’est Versailles, rive gauche, vaguement annonciateur de Dieu seul me voit. L’histoire ? Celle d’un célibataire pas vraiment ravi de voir débarquer chez lui, un jour de rencard, une bonne troupe d’incrustes officiels et anonymes. Bonus pour l’esprit comique de situation, typique du travail des Poda : l’obtention du César du meilleur court métrage et du Prix du public, plus une mention du jury au festival de Clermont-Ferrand en 1993.

La confiance se précise en même temps que l’envie de passer au long. Les envies d’écriture seront enthousiastes mais peu limitatives : la première version de Dieu seul me voit fait 500 pages et dure six heures ! Pascal Caucheteux, producteur et co-fondateur de Why Not Productions, accepte de soutenir le réalisateur à condition que le film ne coûte pas plus que ses autres productions. Au final, le film durera deux heures, sera génial et craquant et remportera le César du meilleur premier film en 1999. Trois ans plus tard, c’est  au tour de Liberté Oléron de se faire connaître. Succès.

Tout comme d'autres auteurs « maison » de Why Not Productions, Bruno Podalydès a eu droit à son DVD dans la collection Les Cahiers du Cinéma. Ses deux premiers longs métrages s’y sont retrouvés proposant, d’un titre à l’autre, un personnage sacrément perdu, maladroit, fragile ou pathétique (c’est selon) campé avec jolie fantaisie par Denis P. On est d’autant plus content de cette édition que les films en question n’ont rien perdu de leur délice vécu en salle : répliques savoureuses, comédiens bien sympathiques (Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté, Philippe Uchan, Isabelle Candelier, Jeanne Balibar, Bruno Podalydès, Guilaine Londez, ...), accessoires fous et ridicules  (glacière, épée, bouées, chaussures de ski, …).

Dieu seul me voit (Versailles chantiers)

Il s’appelle Albert Jeanjean. Caractéristiques : célibataire, versaillais, preneur de son, incapable de prendre des décisions et des risques. Il intellectualise les situations fondamentales (« est-ce que j’aime la raclette ? »), hésite entre deux chemises (la rose ou la verte ?) et trois femmes (Anna ? Corinne ? Sophie ?). Ses potes pourraient l’aider, mais ils sont soit un peu mous soit excessifs. Parfois, Albert peut devenir un petit héros. Il offre des bouilloires à ses prétendantes. C’est différent. Il travaille ses vannes à haut potentiel séducteur, comme celle du citron : « Pas un zeste, ze suis pressé… ». C’est personnel. Il peut aussi avoir une conscience politique (d’ailleurs, il va à la manif samedi et s’intéresse de près à Castro), s’impliquer dans son métier lorsque des politiciens mènent campagne (est-ce que les autruches font du bruit ?) et reformuler positivement le message de son répondeur. C’est vrai, après tout : il n’y a pas que les femmes. Non, il n’y a pas qu’elles…

Liberté Oléron

Lui, c’est Jacques Monod. Il a ses principes, sa femme, ses mômes et son petit maillot mauve à carreaux. Il part en vacances sur l’île d’Oléron. C’est bien. Les premiers jours, ça peut aller : on gonfle les ballons comme ça peut, en faisant travailler les joues, les pieds, les fesses; on ressort tous les jouets possibles en faisant couler au passage le sous-marin à 500 balles de Nono; on laisse un gamin au club local (« Pourquoi les mouettes ? Parce que c’est chouette ! »). Pourtant, les congés de Monod sont monotones. Il lui faut un but nommé bateau. Ce sera le Zigomar rebaptisé  Liberté Oléron. Sauf que la totale inexpérience de Jacques et son manque absolu de maîtrise ne cadrent pas exactement avec l’image du marin intrépide et débrouillard qu’il s’était fixé. Mais comment procéder avec ordre et apparence sans se laisser immerger par les eaux et la paranoïa ?

Dieu seul me voit (1998) et Liberté Oléron (2001), deux films de Bruno Podalydès, Why Not Productions et Les Cahiers du Cinéma. Distribution Twin Pics.

Suppléments : 50 photos de tournage de Dieu seul me voit signées Anne-Françoise Brillot et commentées par Bruno Podalydès. Plus deux articles parus dans les Cahiers du Cinéma à l’occasion de la sortie du film : « Trois filles en balance » par Jean-Marc Lalanne (n°524) et « Eloge du comique de sédimentation, entretien avec Bruno et Denis Podalydès » par Jean-Marc Lalanne (n°525).

Lire également l'interview de Hélène Cases de Why Not Productions

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