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Entrevue avec Emilie Dequenne pour Mariées mais pas trop

Publié le 01/09/2003 / Catégorie: Entrevue

Au plus elle tourne, en France et ailleurs, au plus elle avoue son attachement à son pays. Emilie Dequenne croule sous les projets mais « ne se la joue pas » !

Emilie Dequenne

 

Cinergie : Qu'est ce qui vous a décidé à tourner enfin dans une vraie comédie telle que Mariées mais pas trop ?
Emilie Dequenne : J'en avais envie depuis longtemps et on m'en propose beaucoup. Mais je n'arrivais pas à tomber sur une comédie telle que je le conçois, c'est-à-dire une histoire incroyable, complètement invraisemblable. C'est très jubilatoire de jouer un personnage amoral et de rire de tout, y compris de la mort. Tout est permis dans une comédie !


C. :Ne trouvez-vous pas que votre personnage est pour le moins cynique ?
E.D. : Non, pas cynique du tout. Elle est surtout en demande d'affection. On croit qu'elle recherche à tout prix une relation amoureuse. Elle veut plutôt ne plus être seule dans la vie. Et donc va s'accrocher à sa grand-mère!

C. : Les comédies ont la réputation d'être plus complexes à tourner que les films dramatiques.
E.D. : La concentration doit en effet être à son maximum. Tout est calibré. Mais j'avoue m'être rarement autant amusée sur un tournage. Jane Birkin est une femme formidable, Clovis Cornillac est très drôle... J'étais entourée de gentils ! Le tournage a eu lieu deux mois après mon accouchement, c'était un peu dur physiquement, surtout quand on a pris vingt-huit kilos comme moi !

 

Emilie Dequenne

 

C. : Dans le film, vous évoluez de la gourde à la jeune fille sophistiquée. Comment avez-vous travaillé votre apparence ?
E.D. : J'ai l'habitude de m'en remettre entièrement au metteur en scène et à la costumière. Quand j'essaye un costume ou une coiffure et que je me regarde dans la glace, je ne suis plus Emilie mais le personnage. Auquel cas, je peux tout à fait porter des vêtements que je ne porterais jamais dans la vie. Bien sûr, je donne mon avis, je dis si je trouve telle ou telle chose jolie, mais c'est le personnage qui doit être joli, pas moi !

C. : Vous arrive-t-il d'avoir le trac ?
E.D. : Oui, mais quand le tournage est commencé depuis longtemps, que je connais tout le monde et que je maîtrise mon personnage ! Car c'est à ce moment là que j'ai le plus peur de décevoir. Sinon, je n'ai pas de craintes particulières par rapport aux autres acteurs. J'ai déjà travaillé avec de grosses pointures et je me suis vite rendu compte que les plus grandes stars sont souvent les personnes les plus simples et les plus gentilles sur les tournages.

 

C. : Depuis Rosetta et votre prix à Cannes, les propositions n'arrêtent pas.
E.D. : J'ai la chance de recevoir beaucoup de scénarios. J'accepte tous ceux qui me plaisent en sachant que la moitié des projets n'aboutira jamais. Du coup, je m'engage pour le premier contrat venu. Je ne prends pas le risque de me retrouver sans rien. Ce qui ne veut pas dire que je bosse non-stop. J'ai fait trois films en un an mais je n'ai tourné que cinquante jours. Il me reste du temps pour m'occuper de ma fille (Myla, un an. ndlr)

 

C. : Pour Mariées mais pas trop, vous avez tourné un peu en Belgique.
E.D. : Oui mais seulement quelques jours, à Liège. Je n'ai pas pu m'empêcher de repenser aux frères Dardenne. Ils savent bien que j'adorerais retravailler avec eux et dans n'importe quoi ! De toute façon, j'adorerais retravailler en Belgique.

 

Emilie Dequenne  

C. : Marie Gillain, Natacha Régnier, Cécile de France déplorent que certains de leurs films ne sont jamais sortis ici. Dans votre cas, cela n'est jamais arrivé !
E.D. : Si mes films ne sortaient pas en Belgique, je serais vraiment dégoûtée ! C'est hyper important pour moi et pour ma famille. En fait, plus le temps passe et plus je ressens un vrai attachement pour mon pays. Il y a cinq ans, j'ai subi une grosse exposition médiatique. C'était presque violent, la pression était très forte et j'avais du mal à comprendre ce qu'on me voulait. J'ai d'abord eu envie qu'on me laisse tranquille. Je trouvais l'ambiance pesante en Belgique, on me regardait tout le temps, on relatait tous mes faits et gestes ! Aujourd'hui, ça s'est calmé et les réactions du public à mon égard sont très saines. Je me rends compte que les gens m'aiment beaucoup, ça fait du bien quand je rentre ici. Ça flatte sans doute un peu mon ego mais ça me fait surtout super plaisir ! Alors j'ai envie de leur rendre l'amour qu'ils me portent. J'ai présenté l'avant-première du film à Mons, j'étais très contente de retrouver le public belge. Pas question d'y aller en jean et en baskets, je fais des efforts de toilette pour ces occasions, une question de respect.

 

C. :Vous enchaînez déjà avec un autre tournage.
E.D. : J'ai terminé The Bridge of San Luis Rey, un gros truc américain avec Robert De Niro, Harvey Keitel... Et je commence  L'Equipier  de Philippe Lioret avec Sandrine Bonnaire et Philippe Torreton.

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