Cinergie.be

Et après ? de Marine Follonier

Publié le 14/05/2021 par Solenne Deineko / Catégorie: Critique

Et après ?, diffusé au festival bruxellois Graines de cinéastes, est un court-métrage de quatorze minutes à propos de la pédocriminalité, dont les dialogues sont tirés de rapports authentiques établis par la police cantonale valaisanne (CH). Lauréat du Meilleur Scénario, Meilleure mise en scène et du Prix coup de cœur au Jury Professionnel des films de fin d’année des élèves de l’ESRA Bruxelles en 2020, le film raconte l’histoire d’une jeune enfant de six ans, victime d’abus sexuel. 

Et après ? de Marine Follonier

Le film s’ouvre sur les paroles de l’agresseur. Il minimise ses actes, les niant presque. À se demander s’il ne s’estime pas être, lui, la victime. Puis, vient la jeune Agathe. Elle dessine tranquillement, une inspectrice et son coéquipier sont près d’elle et lui posent des questions. Elle est calme, sage, en opposition aux horreurs qu’elle raconte avoir subi. Un homme, le chef d’un restaurant, qui lui touche « la lune ». Sur ses vêtements d’abord, sur sa peau ensuite. Qui met sa main dans sa culotte, alors qu’il est assis à la table de ses parents. Il n’a aucun scrupule, aucune retenue, aucune morale.

Les mots d’Agathe sortent de sa bouche, les uns après les autres, face aux deux inspecteurs du commissariat. Les parents, eux, attendent et assistent à son histoire derrière une vitre teintée. Ils sont presque muets, s’accordant de rares paroles. Le père en vomit tellement la violence de ce que sa fille a vécu est insoutenable. Derrière la vitre, ils projettent leur peur ou leur volonté de vengeance. Dans ces projections, la mise en scène change du tout au tout. La lumière naturelle laisse place à une lumière de couleur vive, faisant un contraste avec les visages et le décor. Du rouge, du vert, du rose et du bleu. La musique installe une tension, par quelques notes bien choisies. Puis, on repasse au commissariat. Et aux peurs. Commissariat. Vengeance. Commissariat. Peur. Commissariat. La petite Agathe rejoint enfin ses parents, elle en a marre d’en parler. Ils rentrent chez eux. La peur s’installe maintenant au quotidien. Agathe chantonne : « Oh que j’aimerais régler mes problèmes en tapant trois fois dans mes mains. »

Marine Follonier interroge le manque de communication des parents avec leur fille, dans une situation qu’elle a subi et dont elle comprendra l’entière violence plus tard, faisant sans doute face à la réalité de plein fouet. Une communication qui pourrait les soulager, ainsi que leur fille. Car la communication n’est-elle pas ce qu’il y a de plus important pour surmonter une telle épreuve ?

Tout à propos de: