Exit-Exil de Luc Monheim - Belfilm
Peintre-sculpteur anversois très coté, Luc Monheim (1941-1986) a été le décorateur de Waar de vogeltjes hoesten et de Wondershop de Frans Buyens et conseiller technique de Meurtre à domicilede Marc Lobet (1982).
Il réalise, en 1973, Verloren mandaag, (La gueule de bois) son premier film.
En 1976-78, Deus lo volt (Dieu le veut) dont il existe au moins deux versions différentes. Le DVD édité actuellement par Belfilm nous le propose (1).
Tout comme Exit-Exil, son troisième et dernier film, celui-ci fut tourné à Anvers, à Bruxelles et au Portugal, dans une décharge des faubourgs de Lisbonne. (« Wim Wenders et Barbet Schroeder m'ont signalé qu'il y avait une énorme décharge publique dans cette ville portugaise »). Comme dans ses autres films, Luc Monheim s'intéresse aux marginaux, considérés comme le terreau d'où l'art peut éclore. Au départ, Jeanne Moreau, Jean Marais et Dominique Sanda devaient y participer. Finalement, seul Philippe Léotard jouera dans un film qui nous conte la descente aux enfers de Duke, un saxophoniste alcoolique et la découverte de son enfance par Olivia, une danseuse perdue dans le monde du strip-tease (Frédérique Hender).
Exit-Exil (titres originaux : Elle s'appelle Olivia et La Madone des ordures).
Olivia, retirée à ses parents pendant son enfance, décide de retrouver ses racines et de se détacher de l'écrasante vie éthylique que lui offre Duke. Un juge, devenu son tuteur, lui permet de les retrouver, en découvrant un bidonville dans lequel vit une sorte de petit village. Un tout petit nouveau monde mais aussi un ancien monde. Elle y est accueillie comme une reine et devient une Madone des ordures. Duke, qui la cherche, finit par la découvrir.
L'art comme profondeur d'un monde qui n'est pas seulement enfoui dans les cavernes du passé ? Une descente dantesque aux enfers ou au paradis ? Pour Monheim, la culture aujourd'hui sort d'une poubelle tout en étant la mémoire du monde. C'est devenu une sorte de site archéologique pour anthropologue du futur. Exit-Exil se veut un art plutôt qu'une culture, une re-création de la réalité et non pas de la confiture ou une de ces cartes postales bien lisses qu'on découvre tous les jours dans les Musées. D'où sans doute, aussi, cette agressivité, cette violence, chère aux films réalisés et stylisés de Luc Monheim et que vous pouvez redécouvrir grâce aux DVD (2).
-
Ce mois-ci, Sarah Pialeprat vous parle de La gueule de bois et de Deus lo volt de Luc Monheim, des DVD Belfilm.
-
Sur Luc Monheim, devenu quasiment inconnu en Flandre, (ne nous demandez pas pourquoi), lire le tome 2 de La Kermesse héroïque du cinéma belge de Frédéric Sojcher, éditions l'Harmattan.
Exit-Exil, Luc Monheim, DVD edité et diffusé par Belfilm