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Fiore mio de Paolo Cognetti

Publié le 14/01/2025 par Cineuropa / Catégorie: Critique

Après le succès des Huit Montagnes, tiré d'un de ses romans et primé à Cannes en 2022, Paolo Cognetti se lance dans le cinéma avec un documentaire sur le massif du Mont-Rose, présenté en première mondiale au Festival di Locarno, comme événement de pré-ouverture le 6 août.

Le premier roman de Cognetti, paru dans 30 pays, avait donné lieu au film du même nom Les Huit Montagnes, de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch, récompensé par le Prix du jury à Cannes en 2022 et quatre David de Donatello en 2023. On comprend que l'auteur et passionné des cimes de 45 ans, diplômé en écriture de scénario à l'École de cinéma de Milan, ait voulu s'exprimer à la première personne, après quelques courts documentaires de jeunesse et celui tourné par Dario Acocella, Sogni di Grande Nord, sur le voyage de l'écrivain jusqu'à l'Alaska, sur les traces du Christopher McCandless de Into the Wild.

Fiore mio de Paolo Cognetti

La montagne dont il s'agit ici est le mont Rose, le massif le plus étendu des Alpes, situé entre le Piémont, le Val d'Aoste et la Suisse. L'étincelle qui a donné lieu au film est la vague de sécheresse qui a frappé, pendant l'été 2022, jusqu'à la source de la maison de bois et de pierre où Cognetti s'était retiré depuis des années, à Estoul, un petit village situé à 1700 mètres d'altitude, dans la Vallée d’Aoste. Ce signe du changement climatique qui menace des glaciers, désormais plus éternels, amène Cognetti à se lancer dans une petite tournée des refuges de haute montagne pour parler de sa montagne, accompagné de son inséparable chien Laki et du chef opérateur Ruben Impens, rencontré sur le tournage des Huit montagnes. Parmi les paysages à couper le souffle de la région, les bouquetins et les renards, on fait la connaissance de quelques habitants de ces vallées.

Ils sont intéressants, ces "natifs" laconiques mais "vrais", "authentiques". Remigio Vicquery, l'ami d'enfance de Cognetti, originaire du Val d'Ayas, dont il est la mémoire historique, partage en quelques boutades les sensations qu'éprouvent ceux qui vivent en montagne : la mélancolie de l'automne imminent, la bouleversante solitude qu'on ressent face à ces rocs intransigeants. On rencontre Arturo Squinobal, guide de haute montagne au visage taillé dans un épicéa qui semble avoir toujours fait partie du paysage, sa fille Marta Squinobal, qui a transformé l’Orestes Hütte en premier et unique refuge vegan des Alpes.

Les autres représentent de manière convaincante ce qui a été décrit dans la littérature comme le besoin impérieux de fuir ce qu'on appelle la civilisation, de se régénérer dans la nature, de regarder en soi. Le Tibétain Sete Tamang, ancien sherpa sur l’Everest, qui travaille à présent, dans la joie et la bonne humeur, à la Capanna Quintino Sella (3585m), confesse : "Si j'étais resté là, je serais mort dans une crevasse ou sous une avalanche".

Il n'y a pas de volonté rhétorique dans ce film : le sujet central n'est pas surligné. Au bout du compte, la chose la plus sage qui soit dite sur le désastre qui nous attend, c'est la locale Marta Squinobal, professeure de yoga et de méditation bouddhiste, qui la formule : "Nous devons être plus responsables, c'est certain, mais quand la nature nous dira 'j'ai en assez', elle nous fera disparaître et continuera sans nous".

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