Cinergie.be

Gardiens de Berivan Binevsa

Publié le 23/03/2018 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Un garçon aux jumelles scrute le paysage déchiré par les fils barbelés. Le film l’accompagnera dans ses déambulations au coeur de Diyarbakir à la frontière turco-syrienne. Filmé de dos, silhouette floue plongée dans une mer d'adultes, Midas arpente chaque jour les rues de la ville afin d'aller observer la frontière. Le soir, il doit retourner au camp de réfugiés yezidis originaires du Kurdistan. Avec une économie de moyens et une quasi-absence de paroles, la cinéaste livre un court-métrage direct et sans fioriture. Les images sobres racontent tout un pan de vie, le quotidien du camp, la prise d'eau et le nettoyage. Les tentes alignées parfaitement transforment l'horreur en figure géométrique et abstraite.

Habillé d'une veste rouge vif qui l'identifie immédiatement dans ces extérieurs plutôt gris, Midas est le gardien de l'espoir. S'il vole une paire de jumelles c'est que sans elles, l'espoir de voir revenir ses parents disparaît, pour lui, pour sa sœur et son frère dont il est aussi le gardien. Au plus près de son personnage, la réalisatrice parvient à faire ressentir un environnement grâce à un subtil travail sur le son, composé de brouhahas et où la guerre s'invite par les déchirements des avions de chasse. Ce fragment d'une existence déracinée est aussi le portrait de tous ces enfants séparés de leurs parents par un conflit dont les images et les représentations, celles-ci incluses, n'en finissent pas de montrer la terrible réalité.

Tout à propos de: