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George Debels, pionnier de l’animation belgo-néerlandais

Publié le 03/03/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Événement

C’est dans le cadre de l’édition 2022 du festival Anima que la Cinematek et le EYE film Museum proposent cette redécouverte du méconnu Georges Debels. Animateur né à Anvers, Debels a construit sa carrière dans l’animation publicitaire à Amsterdam, et ce durant la première moitié du vingtième siècle. Exhumés par une chercheuse hollandaise et accompagnés en live par un trio expérimental, les personnages de Debels reprennent vie le temps de quelques séances uniques.

George Debels, pionnier de l’animation belgo-néerlandais

 

 

Introduite par Mette Peeters, cette plongée dans l’univers de l’animateur se fait au travers d’un court documentaire à la rencontre des archives et de la famille Debels. Avec malice, c’est le dessinateur lui-même, ramené à la vie par l’encre, qui accompagne le public dans cette introspection sympathique ouvrant l’appétit.

Animateur inspiré des écoles américaines, Georges Debels a travaillé des personnages connus, s’inspirant tour à tour de Félix le Chat ou des créatures de Winsor McCay dans ses animatiques. Des figures qu’il revisite et réinterprète pour appuyer les argumentaires de publicités surgies d’une autre époque, à la fois drôles et décalées. S’enchaîne ainsi un florilège de treize véritables petits courts métrages vantant tour à tour les mérites de barres chocolatées, de cigares, de lait concentré ou encore de bières. Un travail d’animation certes digne d’intérêt, mais qui trouve un tout autre sens artistique grâce à la musique de Loes Dooren, Tijl Piryns et Romain Bly. En improvisant, en mélangeant les bruitages et en réinterprétant les univers de Debels, ils créent une expérience audio-visuelle impressionnante, entre ASMR et concert psychotrope. L'élasticité de l’animation se marie parfaitement avec les sonorités atypiques des boîtes de conserve, du synthétiseur et des percussions improvisées, tandis que le violon et la batterie impriment un rythme et un dynamisme aux course-poursuite ou aux acrobaties des protagonistes.

Debels mélangeait les styles, animant à l’encre de chine des personnages faits de courbes et de traits simples, avant de mettre en mouvement les dessins réalistes et les photographies des sujets de ses annonces. Un cinéaste pétri d’influences allant d’Émile Reynaud (et son Pauvre Pierrot) à Georges Méliès, en passant par Betty Boop et le style des studios Fleischer. Mais également un expérimentateur qui s’essaie à la stop motion, joue avec ses propres mains et mixe prises de vue réelles et animation, parfois jusqu’à l’abstraction, sans se restreindre à une esthétique exclusivement réaliste. Cornichons anthropomorphes et vaches parlantes se répondent donc dans cet univers visuel bien plus complexe qu’il n’y paraît.

En résulte un programme d’une très grande qualité, une petite heure pour se laisser emporter et s’évader dans un monde de couleurs et de sons. Et surtout, l’occasion - peut-être unique - de revoir ces films centenaires en salles.

 

Un programme à voir ce samedi 5 mars 2022 à la Cinematek. Plus d’infos ici.

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