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Ghost Eye de Wouter Sel et Thijs de Cloedt

Publié le 12/03/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Ghost Eye retrace, par fragments, les souvenirs de Johnny Supro, un chauffeur de taxi se perdant dans les ruelles noires, les bas-fonds urbains. Wouter Sel et Thijs de Cloedt présentent un film noir, à la limite du polar dans le milieu underground.

Le film débute sur un flashback. Johnny Supro se souvient d’une fille dont l’œil fantomatique, regarde vers le haut, comme absent. Il se souvient de cette fille qui, victime de viols par son professeur de sport, le poignarda. Jamais il ne la revit. Des années plus tard, esseulé dans son taxi, il se souvient d’elle, rêvant qu’elle monte le temps d’une course. Le récit du film se déploie à mesures des souvenirs et des personnes que rencontrent le taximan, un road-movie découvrant les espaces urbains sales et glauques, des souterrains undergrounds du monde de la nuit et des cauchemars, un voyage hallucinatoire.

Au total, trois histoires sont racontées, des histoires de drogues, d’alcool, de bras arrachés, et de coups de poings dans la gueule. L’esthétique du trash survole tous les plans, n’hésitant pas à intégrer des plans de coupe et des inserts. Cette errance nocturne le conduit dans la crasse et la dépendance, le chaos. Mais cette frénésie, cette saleté furieuse cache une beauté particulière, celle qu’on refuse de voir, une beauté du spleen et de la décrépitude, de l’autodestruction. Johnny s’ouvre le ventre pour laisser jaillir le feu de la folie.

Le film de Wouter Sel et Thijs de Cloedt offre une autre vision des méandres urbains, donnent la parole aux défroqués, aux étamines du vide, aux marginaux, dans un road trip psychédélique.

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