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Graven de Tijs Torfs

Publié le 02/09/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Avec Graven, Tijs Torfs propose un film contemplatif et absurde, un film qui sublime la simplicité des choses. Graven raconte l’histoire d’un homme qui éprouve le besoin inexorable de se laisser emporter vers la mer et de creuser le sable toujours plus profond.

À travers les dunes de la mer du Nord, un homme en marcel blanc et casquette rouge se profile lentement sur le sable. Il commence à creuser inlassablement, du matin au soir avec minutie et dévotion à l’aide d’une pelle. Le réalisateur instaure alors un mystère : Pourquoi creuse-t-il ? Quand va-t-il cesser de creuser ? Au fil des séquences, le découpage et l’image sont de plus en plus esthétiques, géométriques et monumentales. La caméra s’attarde sur chaque geste, filmant l’effort de l’homme au travail en contre-plongée comme un culte. Le film de Tijs Torfs exécute avec intelligence un montage alterné entre des plans magnifiques au ralenti du paysage et la brutalité de la pelle qui creuse. Jouant sur une quasi-totale absence de dialogues, ceux-ci ne percent pas le mystère mais y ajoutent le côté absurde du film, comme cette passante qui l’apostrophe en lui demandant s’il a besoin de quelque chose. Graven est donc un voyage au cœur de l’absurde, comme une obsession ou un Toc sans aucun sens sauf celui d’aller au plus profond des choses. Car si l’histoire n’évolue guère, bien que le protagoniste semble satisfait d’avoir creusé toute la nuit, le réalisateur parvient à raconter une tout autre histoire, celle des choses simples, celle d’aller voir derrière les choses. Creuser, prend alors une épaisseur beaucoup plus forte.

Ce film déconstruit la dramaturgie classique et s’attarde à filmer la répétition du même geste, du même effort à une époque où le changement de rythme et de choses est devenu frénétique. Il instaure alors le temps long et la répétition comme fondement de l’existence.

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