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Heen en Weer de Lisa Foster

Publié le 04/04/2019 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Heen en Weer

Sur les terrasses, dans une masse de gens, les femmes et les hommes se prêtent à une déambulation. Il y a en a pour tous les goûts : les délicates, fugueuses, les austères, fragiles. Autant de pas qui se perdent et tombent dans l’oubli. Et, contre ce même oubli, il y a la dernière danse de Lisa Foster.

Heen en Weer de Lisa Foster

Heen en Weer n’a rien d’un film d’animation classique. Oscillant entre la performance dessinée et l’expérimentation visuelle, toujours rythmé par les lignes nettes et claires des peintures, le court-métrage de Lisa Foster, issue du Kask, semble directement inspiré de Richter. La réalisatrice immerge le spectateur dans un ballet étrange et bleuté, une procession funéraire joyeuse dans laquelle les personnages, émeutiers de la joie de vivre, somnambules d’un soir et amants d’après minuits accouplent leurs pas en apnée. Après quelques instants épars comme des soupçons, ils semblent tous marcher, courir, danser, par regret ou inadvertance, si proches parfois sans être ensemble. Chacun possède son propre rythme dans cette animation sans paroles ni véritable histoire, se laissant plutôt aller à l’émotion pure. Fabriqué à l’aide de grandes peintures et de calques, l'animatrice a photographié chaque couche et y mêlant de l’eau, provoque un flou trouble. La bande-son originale, signée Jürgen De Blonde, permet de transposer un flot continu de pensées sur les traits flous et humides des corps : la fugacité du temps qui passe et avec elle, les regrets, les pas qui ne se sont pas accordés.

C’est l’étreinte des corps qui portent la couleur, sans jamais revenir sur leurs pas, dans des allers-retours sans fin. Une réflexion profonde sur la manière dont les gens vivent et interagissent, se manquent, s’attrapent et s’échappent, se perdent, sans jamais vraiment faire corps avec l’autre, emporté dans un sentiment infini du rythme.

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