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Impromptu

Publié le 02/11/2012 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Carte blanche

Impromptu, les fans de cinéma ont-ils des paniers pour consommer les films ?

En pleine « crise économique » néo-libérale, le cinéma ne cesse d'innover. Euh... vraiment citoyens ? Wahooou (vibrations).

Dans tous les sens, chers amis, jusqu'à présent, les cinéphiles étaient des spectateurs et même des citoyens. Grâce à Internet, nous apprenons qu'ils sont des consommateurs et qu'ils ont désormais des... paniers ! La standardisation de l'offre est de plus en plus prégnante. Les communicants sont là pour la massifier. Merci, citoyen, on connaît ! Certes, mais que le site Internet de Cinematek nous refile le mot « panier » pour y mettre les films choisis ??? Une intercommunication digne d'un supermarché pour consommateurs : étonnant, non ? 

Impromptu

Par ailleurs, les néologismes « Made in America » pullulent (les « communicants » ne cessent de dire que l'Amérique nous précède). Nous savons, et nous savons que nous savons, que le directeur est devenu un « manager ». Nous ne savons pas que nous savons que « Surface » est la tablette tactile (smartphone) de Microsoft. À ne pas confondre avec « technicien de surface ». Apple n'aime pas trop, au point d'en perdre l'appétit (on peut d'ailleurs se demander pourquoi, puisque la main de Dieu, nous dit-on, décide « in America »).

L'écran devenant donc minuscule, on vous offre un conseil pour l'avenir. Avant que l'iPad ressemble à un timbre-poste, achetez un lot de loupes. Tout le monde en aura besoin pour rester branché. Avez-vous remarqué que les opticiens sont dans une courbe ascendante dans les chiffres du marché des yeux ? Amis du cinéma, spéculez sur les loupes. Avec l'argent éthiquement et finement gagné, faites de l'esthétique. Osez. Réalisez un film malicieux, genre comédie d'Ernst Lubitsch, qui sort du marketing des films pour ados dont nous gave Hollywood.

Sans le savoir, tout en le sachant inconsciemment, nous avons appris, grâce à ce centre de la connaissance que sont les universités (y compris pour seniors), que les meilleurs communicants - qui n'ont jamais été égalés depuis - étaient les Carolingiens au Moyen Age. Cher ami citoyen, calmez-vous... Nous sommes issus de l'humanisme de la Renaissance et de la raison, du siècle des Lumières, de la philosophie, de Kant... Euh... Bof... Pas seulement, chers citoyens et chers amis...

Voici le storytelling parfait : Charles Martel n'a pas vaincu les musulmans, mais les Catholiques d'Aquitaine qui avaient demandé aux musulmans d'Espagne de les aider... Ça alors... Et la Chanson de Roland, le pieu de Roncevaux, cette chanson de geste, citoyen,... une fable écrite ?

Qui plus est, l'arrière-garde de Charlemagne s'est battue contre les basques et non les sarrasins...

Vous y allez fort dans votre volonté de savoir...

Pas vraiment, savez-vous qu'un faux, utilisé par  l'Empereur Charlemagne, est devenu une croyance pour le bon peuple de l'Europe de l'époque (francs, germains et lombards). Son réseau piétonnier (la télé primitive de l'époque) a proposé, contre le titre d'Empereur d'Occident, le titre de Pape à l'évêque de Rome. Pour innover et changer une face ou une interface du monde, ils ont surtout inventé une fable incroyable, « incroyable », aurions-nous dit sous Napoléon. L'Empereur romain Constantin qui a fait de la chrétienté une religion d'état, aurait écrit un testament secret, caché et retrouvé, quatre siècles après pour faire de l'évêque de Rome un pape (un chef spirituel) des autres évêques. Une win-win. En contrepartie, Charlemagne se proclame « Imperator ». Fi donc, citoyen, et que font le Patriarche et le « Basileus » de l'Empire d'Orient ? Sachez-le tout en ne sachant pas que vous le savez : cela faisait rire le Patriarche (archevêché de Constantinople) puisque les évêques de Rome, d'Alexandrie et de Constantinople se considéraient comme égaux... tout comme sur un plan temporel plutôt que spirituel, le « Basileus » (terme grec qui remplace « l'Imperator » occidental) puisqu'il est le descendant de Constantin. Quant à Damas, ville des premières tirades de Saint Paul sur le christianisme, devenue la capitale de la dynastie des Omeyyades, elle s'amuse... Ils découvrent l'histoire d'Iznogoud avant la BD de Goscinny. Les orthodoxes et les musulmans se marrent donc et pensent que cela ne peut pas marcher, et même que cela ne va pas marcher, c'est trop Héééénoooorrme... Mais c'est le contraire qui se passe. Ce faux donc, devient vrai... Dites donc citoyen, on est dans un film de John Ford, le très connu Liberty Valence : « Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende »...

Si vous voulez citoyen. En effet, à côté de cela, les communicants du président Bush sont des amateurs pour enfants de chœur... Wahoooooou, on recycle mal... Tout de même, on a eu récemment le secret de Fatima... Stop, citoyen !

Rassurez-vous, si vous êtes très mode, et cherchez où se situe « l'air du temps », sachez que vous ne savez pas encore que les idéogrammes chinois vont bientôt débarquer chez nous, en Europe. Innovez, mieux, osez : le pinceau et l'encre de Chine ne coûtent pas cher. Sachez que Chine veut dire en deux syllabes (chi-ne) : milieu du pays ou de l'état. À quoi cela ressemble ? Regardez les avions d'Air China, c'est très simple... oui... Ne soyez pas ringard, citoyen, siouplait, siouplait...

Nota bene : Il y a beaucoup de « rumsfeldisme » dans cet impromptu que nous devons à la verve truculente de Donald Rumsfeld : « Nous savons que nous savons, nous savons qu'il y a des choses que nous ne savons pas, et nous savons qu'il y a des choses dont nous savons que nous ne savons pas que nous ne les savons pas », cité par Martin Amis in Le deuxième avion, éditions Gallimard.

Dans les chinoiseries qui ne sont pas des chimères, nous nous sommes inspirés de Cao Xueqin qui a écrit, en 1791 : « Quand l'imaginaire est réel, le réel est imaginaire, là où il n'y a rien, il y a tout », in Le rêve dans le pavillon rouge,aux éditions Gallimard, cité par Jia Zhangke dans 24 City (Er shi si cheng ji) l'un de ses films.