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Into the Night, une série créée par Jason George

Publié le 11/11/2020 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Qu’adviendrait-il si le soleil qui nous fait vivre devenait subitement un instrument de mort implacable, tuant systématiquement tout humain qui serait exposé à ses rayons? Pour les passagers d’un vol de nuit partant de l’aéroport de Bruxelles, il reste un espoir. Prévenus par un homme mystérieux, ils sont forcés à décoller. Leur seule solution pour survivre au soleil meurtrier : fuir vers l’ouest, pour rester dans la nuit et gagner un sursis. Sans comprendre, sans solutions, mais avec la conviction qu’il reste encore un moyen de s’en sortir et qu’ils ne sont pas les derniers humains encore en vie, l’équipage et les passagers se lancent dans une course folle contre le jour. Chaque minute compte pour survivre, et chaque décision peut tous les condamner.

Into the Night

Into the Night, première série belge francophone produite par Netflix, nous plonge, au rythme endiablé de ses six épisodes, dans un univers nouveau pour le cinéma belge francophone, celui de la série de science-fiction. 

Créée pour la plateforme par Jason George, adaptée du roman polonais Le vieil Axolotl de Jacek Dukaj, et produite par Entre Chien et Loup, Into the Night se présente dès les premiers instants comme une série Netflix à part entière. Casting international, multiculturalité des protagonistes et pluralité des voix sont en effet des recettes récurrentes de la marque. Un casting mené par la talentueuse Pauline Étienne, que l’on sent très à l’aise dans le rôle et qui prend rapidement les commandes des événements, au sens propre comme au figuré. Accompagnée par une brochette d’acteurs trop peu connus côté francophone mais non moins surprenants, comme Nabil Mallat, Pauline Étienne apporte un jeu riche et plein de nuances qui lui permet de faire évoluer son personnage avec subtilité au cours des 240 minutes qui composent Into the Night. Au fur et à mesure de cette avancée, les créateurs nous dévoilent petit à petit les nouvelles facettes d’une héroïne complexe, entourée d’une galerie de protagonistes qui évolueront eux aussi au fur et à mesure des choix cornéliens que leur infligera la nécessité de survivre, de sauver leur peau ou celle des autres. 

Cette découverte des personnages s’enrichit d’un procédé déjà éculé mais mené de manière efficace ici, le flashback. Un flashback introductif se centrant sur un personnage en particulier à chacun des six épisodes, nous révélant peu à peu qui ils sont, souvent à l’insu des autres protagonistes. Ces indices, donnés à la lumière des événements qu’ils ont vécus avant d’embarquer dans cet avion, créent une forte focalisation spectatorielle autour des personnages principaux, renforçant d’autant plus la tension qui règne au sein de l’avion. 

Into the Night

L’avion, à la fois salvateur et cercueil volant, constitue le parfait catalyseur pour tous les conflits qui vont rapidement déchirer ces êtres en émoi. Sans avoir besoin d’effets spéciaux mirobolants, mais avec de nombreuses idées de mise en scène, les réalisateurs belges Inti Calfat et Dirk Verheye nous plongent dans une atmosphère anxiogène constante où tout peut basculer à la moindre erreur. Les séquences-catastrophes de la série sont extrêmement bien menées et créent de vrais instants de tension intense. Avec une grande habileté, le duo Calfat-Verheye alterne ces sursauts d’action avec de longs passages d’apparente stase, pour mieux nous retourner ensuite. Il en résulte un sentiment de malaise très puissant nous gardant constamment rivés à notre siège lors des moments les plus calmes. Ceux-ci n’étant in fine que l’oeil du cyclone qui bouscule ces personnages et les pousse dans leurs retranchements les plus abjects. Un huis-clos de science-fiction haletant, qui nous emporte de plus en plus rapidement dans le tourbillon de son scénario au fil des épisodes, et qui se dévore « à la mode Netflix ». Vite vu, vite convaincu, Into the Night est la mini-série parfaite pour survivre à notre période morose, en passant un bon moment devant du cinéma belge pas comme les autres.

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