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JC comme Jésus-Christ de Jonathan Zaccaï, en salles depuis le 26 septembre

Publié le 01/10/2012 par Anne Feuillère / Catégorie: Critique

JC ou les infortunes du cinéaste

Film potache, faux documentaire sur un petit génie du cinéma, JC comme Jésus-Christ, prend ce prétexte narratif pour dézinguer joyeusement le petit monde du cinéma parisien. Point de vue d’un comédien belge qui travaille principalement en France, c’est décapant et amusant. Vu au Festival de Namur dans la compétition Emile Cantillon, ça se déguste vite… ou pas assez vite peut-être ?

JC comme Jésus-Christ de Jonathan Zaccaï, en salles depuis le 26 septembre

Voilà un comédien belge plutôt très doué qui s’attaque, après un essai de court, à un long métrage qu’il tourne à Paris, sur le milieu du cinéma. Argument : Jean-Christophe Kern est une petite pointure du cinéma d’auteur, Palme d’Or à Cannes à 15 ans, César à 16, le voilà qui veut tourner son prochain film Dutroux in the Rain et passer son bac de français… Le jeune homme, avec son écharpe à carreaux verte et rouge et ses lunettes noires épaisses est une petite caricature de Jean-Luc Godard – ce que le titre anglais Play it like Godard de ce premier long métrage ne cache pas du tout. D’ailleurs, tout le film est un peu un film à clé, qui fait défiler toute une galerie de personnages du monde de cinéma… De la comédienne qui s’insurge qu’on dévoile sa vie après s’être éperdument éprise du jeune réalisateur, aux producteurs qui sentent le bon coup médiatique du génie surdoué pour finalement sauter sur un meilleur coup - plus jeune ; Du comédien prêt à tout pour avoir un rôle, à l’autre comédienne, beauté décapante et allumée qui vit recluse dans son appartement de luxe, en passant par le producteur arabe qui ne sait plus où mettre son fric et sa comédienne de femme… Et ça continue. Bourré de bonnes répliques cinglantes (la comparaison du spectateur au labrador pourrait être un petit moment d’anthologie), de situations absurdes et caricaturées à souhait (et sans doute pas si caricaturales que ça…), ce faux documentaire autour d’un jeune petit con à la langue bien pendue (Vincent Coste fait merveille en tête à claque plein de morgue) s’amuse à reconstituer toutes une galerie de personnages, de situations et autres drames qui hantent les coulisses du show bizz parisien, entre bling bling et postures intellos bobos.
Alors, oui, on se marre bien et tout ce côté potache moqueur qui s’amuse sans cynisme est plein de fraîcheur et de bonnes doses de vérité. Certes. Mais au final, quand même, à se répéter ou plutôt se décliner, on finit un peu par s’ennuyer de ces tableaux absurdes et narquois qui, finalement, ne concernent pas grand monde sinon le milieu en question… À singer toutes un tas de postures, le film finit peu à peu par en prendre lui-même le risque, de la posture… Quant au prétexte du faux documentaire, il permet aussi tout et n’importe quoi en termes d’images ternes, de cadrages à l’arrache, de caméra portée sens dessus dessous, et de montage à la va comme j’t pousse… C’est drôle aussi, d’accord, et c’est le jeu. Mais sur la longueur, cela devient un peu éreintant.

Peut-être JC comme Jésus-Christ aurait tout à gagner à se dégraisser un peu, histoire de ramasser ses tensions dans un montage bien hystérique et désopilant. Car au fond, c’est peut-être bien cette hystérie qu’il dépeint qui lui manque.

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