Sélectionné dans la catégorie des films d'école ou de fin d'études nationaux, Judy1964 a été présenté lors du Festival Anima, mais également au Flanders Image, Filmfestival Oostende ou encore au BSFF.
Judy1964 de Marie-Hélène Van Thuyne

Le court-métrage JUDY1964 de Marie-Hélène Van Thuyne, produit par le RITCS en 2024, plonge le spectateur dans l'univers d'une jeune fille fascinée par une publicité pour des fusils-jouets. Cette fascination prend une tournure dangereuse lorsqu'elle découvre une véritable arme à feu appartenant à ses parents.
Sur le plan technique, ce film en stop-motion a été filmé en plan séquence. Grâce l’aide d’un bras robotique, ils ont pu réaliser un mouvement final fluide tout en animant les personnages et le décor. C’est un défi qui permet aussi d’ouvrir les champs à de nouvelles techniques pour le stop-motion. Puisque la prise de vue peut s’absoudre via la robotisation du mouvement de caméra, on peut dès lors proposer des images très difficiles, si pas impossible, à obtenir. Ainsi comme dans un huis-clos de fiction, le décor de l’appartement, une fois éclairé, une fois le mouvement caméra déterminé, il ne reste plus que le plaisir de l’animation.
Ce qui interpelle le plus, reste, bien entendu, le message. Nous découvrons un décor des années 60 américains a priori et une petite fille. Elle est absolument fascinée par les pistolets comme s’il s’agissait d’une poupée. Jusqu’à sauter de joie lorsque la télévision, omniprésente tout le long du film, diffuse une publicité pour le dernier fusil-jouet en imitant les actions de “l’arme” sur ce qui semble être sa mère morte d’un coup de feu. Immédiatement, nous comprenons la tournure des événements : la petite fille dans le jeu à tirer avec une véritable arme sur sa mère sans s’en rendre compte.
Deux éléments nous ancrent profondément dans cette dernière image : la petite fille qui imite le fusil sur feu sa mère et le pistolet placé comme s’il avait glissé de la main de la mère. Une interrogation nous reste : Se serait-elle suicidée ? Un détail nous ramène à la petite fille : la mère tient encore sa cigarette à peine consommée dans l’autre main.
Ce que ce film nous raconte en 5 min de plan séquence, c’est la déconnexion de la violence du monde. Le fait que l’omniprésence des écrans et des images à transformé irrémédiablement la façon dont nous absorbons la violence. Les futures générations y seront de plus en plus confrontées. Cela nous pose évidemment la question des armes à feu, des dégâts que cela peut causer lorsqu’elles sont admissibles. En bref, ce court-métrage d’animation questionne le nouveau monde dans lequel nous avons plongé depuis quelques décennies.