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Klette de Michael Abay

Publié le 14/09/2023 par Quentin Moyon / Catégorie: Critique

Une “klette” correspond en bruxellois à quelqu’un de peu dégourdi. Morgane, 26 ans, semble à première vue vouloir profiter de la vie. Elle sort, flirte et couche avec des hommes en soirée ou passe sa journée à profiter de ses amis. Mais c’est seulement en apparence. Car Morgane, 26 ans, est une klette. Elle vit toujours chez sa mère, a du mal à faire des choix, prend de l’huile de CBD pour “rendre tout digeste” et est embourbée dans l’écriture de sa thèse. 

 

Klette de Michael Abay

Une “klette” c’est aussi une gifle. Et dans ce film, Morgane prend une sacrée gifle. Liée au fait de voir ses amis acheter une maison, vivre en couple, évoluer au travail ou évoquer la possibilité d’avoir des enfants. Des conversations de trentenaire face auxquelles elle se sent perdue et nulle. 

Sous les traits d’une Jennifer Heylen paumée, Morgane est en fait la représentation de toutes nos peurs de jeunes adultes face à la pression sociale et sociétale : cette injonction à réussir sa vie. En découle une peur des responsabilités qui, doublée d’un contexte économique difficile et d’une génération qui doit prolonger ses études pour se démarquer sur le marché du travail, a pour conséquence ce que l’on appelle le phénomène Tanguy. Une référence au film de Philippe Chatiliez qui illustre la tendance de toute une génération à rester plus longtemps chez ses parents. 

Klette, sélectionné au festival international du court-métrage de Clermont Ferrand 2023, est une réflexion fraîche et originale sur ce que c’est de grandir, à son rythme. L’occasion de nous rappeler qu’il n’y a définitivement pas de règles pour réussir sa vie !

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