CCCP, fer de lance du renouveau flamand
On était allé dans les bureaux de CCCP Productions au moment de la sortie de Small Gods, l'incroyable premier film de Dimitri Karakatsanis. Près de dix ans plus tard, les lieux n'ont plus rien à voir. Grand open space de béton et de verre, il ne reste plus grand chose du brol et de la chaleur de l'ancien CCCP. On s'en étonne, mais pour Koen Mortier, l'un des deux producteurs de CCCP, « c'est notre ex-manager qui a créé tout ça. C'est pas pratique, c'est un peu chiant, ça nous correspond pas vraiment... » alors... « on l'a viré ! », dit-il en rigolant. Et c'est désormais Eurydice Gysel, l'autre bras droit de cette maison de production flamande qui gère tout. Coproducteur de Borgman d'Alex Van Warmerdam présenté en compétition officielle cette année à Cannes, partenaire du nouveau film d'Hélène Cattet et Bruno Forzani, L'étrange couleur des larmes de ton corps producteur des films de Koen Mortier et de quelques noms du cinéma d'auteur flamand (Wim Vandekeybus, les courts métrages de Michaël Roskam, le nouveau film de Pieter Van Hees, Waste Land actuellement en chantier...), CCCP est la figure de proue de la nouvelle vague flamande. Au début des années 2000, certains venaient de réaliser leur premier film, d'autres allaient se lancer. Les dix derniers années sont venus confirmer de nombreux talents : Felix Von Groeningen, Fien Troch, Caroline Strubbe, Geoffrey Enthoven, Michaël Roskam... À travers cette génération, c'est un cinéma d'auteur très personnel, percutant et talentueux, qui a surgi de ce côté. Et c'est la sortie et le succès d'Ex Drummer, le premier long métrage de Koen Mortier, qui avait officiellement lancé cette nouvelle vague. Dans le bureau d'Eurydice, sur un large canapé où traîne son chien, petite mascotte de la maison, petit tour des dix dernières années du cinéma flamand.