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L'Autre part de Joëlle Bertossa

Publié le 01/12/1999 par Nicolas Longeval / Catégorie: Critique

Lors de la projection des courts métrages de fin d'étude, de l'INSAS, en juin dernier, aucun dossier de presse n'était disponible. Sans fiches techniques, pas d'article possible, mais ce n'était que partie remise : champagne et excellent vin rouge - comme il est de coutume rue Théresienne -, ce mardi 16 novembre avait lieu la soirée officielle, qui, il faut le préciser, avait réduit sa programmation aux cinq courts produits exclusivement par l'Atelier local. Si la qualité était au rendez-vous, nous avons choisi de ne vous parler que de deux coups de coeur.

L'Autre part de Joëlle Bertossa

Sur Québec Air...

Joëlle Bertossa a une maman pas tout à fait comme les autres. La jeune cinéaste, absente mais qu'on me dit débordante de charme, aurait donc de qui tenir, et les images, très belles, de son documentaire familial, l'Autre part, planent dans le ciel bleu neige d'un long hiver canadien, sur l'air fredonné de l'indémodable As time goes by. C'est pourtant sans nostalgie facile ni pathétisme aucun, mais avec une tendresse vraie et de cinglants éclats de rire, que maman résume son itinéraire commencé il y a près de trente ans quand, poussée par le désir sûr de rêver toujours, elle choisit de quitter son Ontario natal. Etudes en Europe, premier mariage, Etats-Unis, divorce et deuxième mariage, Suisse... Quand on se voit seulement de temps en temps, on évite les querelles et tensions, tout n'est qu'amour. Aujourd'hui, avant de partir à la découverte du Mexique avec un nouvel ami, cette femme riante que le temps n'a sans doute pas émoussée autant que d'autres, retrouve un frère dont la sympathique petite famille, fuyant l'homonymat de la ville, est venue s'installer dans un petit village de pêcheurs perdu entre grand lac et forêt immense. Mais les mines ferment une à une, et il n'y a rien d'autre : le chômage s'installe, les mentalités se résignent, comme gelées dans la fatalité d'être né là. Ne reste, contre la menace de la désolation, que le rêve à vif d'un ailleurs à perte de vue. Mais si l'une survole les océans et saute les continents, l'autre n'a qu'à démarrer sa motoneige ou à larguer les amarres de son bateau, pour changer le monde en quelques kilomètres, et rester vivant.

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