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L’eau à la bouche d' Emmanuelle Huynh

Publié le 02/05/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Quel étrange film que cet Eau à la bouche d’Emmanuelle Huynh. Plongeant dans le trouble de son personnage, la réalisatrice nous emporte dans un tourbillon désarçonnant de pensées déréglées, sur fond de traumatisme de l’enfance.

L’eau à la bouche d' Emmanuelle Huynh

Car comment expliquer autrement l’instabilité de Bruno, ce garçon un peu paumé dont on sait peu de choses, si ce n’est qu’il est habité par des pulsions déviantes? De longueur en longueur, on saisit peu à peu les troubles qui le hantent, alors que la caméra très proche de son regard glisse le long des corps et des petites courbes. Extrêmement éprouvant, le film l’est autant pour son protagoniste que pour son spectateur non averti, qui pourrait refuser l'œuvre tant elle est malaisante. La prestation de Pierre Nisse, bluffante, ajoute au réalisme de ce court-métrage subtilement mis en scène, où les silences pèsent et occupent l’espace. La piscine devient alors un lieu multiple, à la fois de calme et de tension, de sécurité et de tentation pour le personnage en proie à des pulsions qui le déchirent. Sans entrer trop profondément dans les réflexions thématiques qui animent son propos, L’eau à la bouche pose la question du dépassement de soi et du déterminisme issu des traumatismes de nos enfances, gravés d’autant plus profondément en fonction de leur niveau d’horreur. Un premier film au propos troublant et la cinématographie envoûtante, dont on ne ressort pas indemne.

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