L’écume de la ville nous raconte, avec une esthétique très classique, la chronique d’un vieux pêcheur urbain traînant sur les quais, rentrant bredouille, ancré dans sa routine solitaire.
L’écume de la ville de Pierre Watteyne
Au bord d’un canal urbain, un pêcheur en ciré jaune tend sa canne sans grande conviction, comme si, une fois de plus, le réel ne lui était pas favorable, comme si, toujours déjà, la routine de rentrer sans une seule capture l’isolait de toute forme de sollicitude. Dès les premiers plans, nous distinguons un autre pêcheur, dont la canne semble mordre. Dans son petit studio que l’on devine sous toit, dont l’eau infiltre les moindres recoins, il s’adonne à la plus banale des quotidiennetés. Tout semble capricieux, déglingué, sauf le souvenir d’un tableau en pleine mer. Les lanternes orangées contrastent avec le bleu de la nuit. La solitude de la modernité, les trams d’un ancien temps provoquent une mélancolie certaines chez le protagoniste.
Lorsqu’il se rend le lendemain sur les quais, le pêcheur est brusquement emporté par une vague qui semble le poursuivre jusqu’aux quais, une vague du passé qui le submerge et le plonge dans les abysses du souvenir. Dans les eaux troubles du canal, il se souvient. Il se souvient de ce jour de pêche, de cette tempête, de son compagnon pris par la vague, de son naufrage. Ce souvenir traumatique, celui de la perte, de la peur, du souvenir, jaillit. Il refait surface, sauvé par l’autre pêcheur du canal. Une rencontre qui le fait raccrocher à la vie.
Pierre Watteyne nous offre un récit dense et poétique qui interroge l’impact des souvenirs sur le présent et les difficultés de les surmonter. Un récit dans lequel le protagoniste renaît grâce à l’altérité.