Dans Sprotch, le noir et blanc et l’humour grinçant du réalisateur Xavier Seron entremêle actualité, drame, humour noir, et histoire de paternité. Il est indéniable que Sprotch porte la patte du réalisateur de Je me tue à le dire, car dès les premières images d’un noir et blanc perlé et contrasté, Xavier Seron joue avec humour sur les choses qui composent le quotidien.
Alors que Flo doit partir à Marrakech pour le travail, Tom, son compagnon, doit s’occuper de Sam, leur fils de 5 ans. Flo lui a laissé une liste de tâches à accomplir durant son absence. Malgré ça, Tom a oublié le cours de guitare de Sam… se précipitant dans la voiture, il démarre en trombe et écrase quelque chose !
Cet écrivain en manque d’inspirations se heurte aux tâches quotidiennes qui lui sont étrangères et omet presque volontairement le cours de guitare de son fils, un oubli qui provoquera le drame. C’est alors que le réalisateur nous plonge dans un délire savoureux entre un père et son fils, jouant sur les codes avec humour. Mais soudain, le « vrai drame du réel » vient percuter la fiction. Cette journée placée sous la loi de Murphy, cette journée banale qui tourne mal est finalement profondément travaillée par un événement tragique déjà là depuis le début du film, le drame d’un migrant tombé du train d’atterrissage d’un avion.
Ce twist amène et mélange à la fois un humour grinçant dont le spectateur, rassuré pour le protagoniste, est placé dans une position morale déstabilisante. Le sprotch, c’est avant tout le son du drame. Car si le film épouse une narration indéniablement drôle, le renversement final impose un hors champ puissant, lié à la tragédie des migrants. Porté par Jean le Peltier et Baptiste Sornin, qui interprètent ce couple homoparental avec panache, le film de Xavier Seron permet de renouveler tant la relation père-fils que le drame lié à la crise migratoire.
S’inspirant du drame survenu en Angleterre, Sprotch mène avec finesse ses intrigues qui s’entremêlent dans un jeu de va-et-vient permanent entre le réel et la fiction.
