Un miroir qui fait froid dans le dos
Dans notre société capitaliste à l'extrême, l’activité économique est devenue l’obsession ultime. Pour produire moins cher et plus efficacement que le voisin, pour vendre plus, pour consommer et faire consommer, la fin justifie tous les moyens, et l'être humain est soumis à une pression de plus en plus intense. La peur d’être privés de notre personnalité dans une fourmilière productiviste est aussi vieille que le machinisme industriel. En peinture, en littérature, au cinéma, elle a donné lieu à des cauchemars célèbres et retentissants. Notre époque y est propice, témoin la fable très contemporaine que nous content William Henne et Louise Lemoine Torrès dans La Chair. Un dessin animé terrifiant où l’on s’attaque, avec une froideur glaciale, aux éléments les plus fondateurs de notre identité, aussi sensibles que la place respective des hommes et des femmes, la sexualité, la reproduction, l’amour (ou plutôt le manque d’amour) bref, la vie.