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La Cinematek rend hommage à Alberto Serra

Publié le 01/02/2014 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Événement

Voyage en catalogne

La Cinematek rend un double hommage à Alberto Serra en programmant trois de ses films, et en lui offrant une carte blanche. Il sera présent le 1er février à Bozar pour l'avant-première de Histoire de ma mort, Léopard d'or au Festival de Locarno et sortira dans nos salles le 8 février. Ce cinéma hors norme se base sur l'idée de court-circuiter les récits mythiques, les légendes du sanctuaire dans lesquelles on les a drapés en les empêchant de faire respirer les contemporains.

La Cinematek rend hommage à Alberto Serra

Le 2 février, Honor de Cavalleria (2006) : le deuxième film du jeune cinéaste catalan s'inspire d'un roman universel, Don Quichotte de Cervantès. Une approche originale qui n'essaie pas d'en faire une adaptation comme Orson Welles et Terry Gilliam dont on ne peut que regretter qu'ils n'aient pu réussir à terminer leurs films. Honor de Cavalleria a été réalisé avec peu de moyens, en vidéo numérique, en extérieur, sans préparation coûteuse. Parcourant de vastes plaines particulièrement arides et sans moulins à vent, Don Quichotte raconte à Sancho Pança une époque différente et utopique dans laquelle les chevaliers cherchaient à se mettre en valeur au nom de leur idéal, tel Lancelot du lac. Aujourd'hui, sans ennemis (sinon imaginaires), errant dans un vaste espace, le fidèle écuyer écoute la folie du vieil hidalgo ; ils mangent, dorment et se reposent ensemble. Le spectateur hésite entre cette situation burlesque et une nature qui reste impassible. Le vent souffle. On entend, au loin, le chant des grillons et celui des cigales. De longs couchers de soleil montrent une vie simple au contact des éléments.
Le 6 février, avec Le Chant des oiseaux, Serra emmène les trois Rois mages à la recherche de la naissance du divin enfant. Au début du film, en noir et blanc, un long plan nous les montre nageant autour d'un bateau de pêcheurs dans un lac (la caméra les cadre dans l'eau et non à l'extérieur en train de nager). Ces trois corps particulièrement débonnaires affrontent le sable du désert, s'accrochent aux branchages, montent sur des rochers, vivent au gré des saisons, dorment à la belle étoile. Dans une nature primitive, la pluie succède au vent. Lorsque les Mages s'inclinent devant Marie et Jésus, on entend « Le Chant des oiseaux », un air folklorique catalan, joué au violoncelle par Pablo Casals. S'y ajoute un sens de l'absurde.

Loin d'un cinéma cocaïné par la vitesse, le spectateur découvre la simplicité de son quotidien; un mélange d'ascétisme zen à la Ozu et un burlesque genre Monty Python.

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