La princesse aux huîtres de Ernst Lubitsch
Le début de la "Lubitsch touch" est désormais accessible en DVD, six exemplaires chez MK2 et un cadeau que nous offre la Cinémathèque Royale de Belgique en éditant, Die Austernprinzessin (La Princesse aux huîtres, 1919), un film muet de l’époque allemande d’Ernst Lubitsch.
Monsieur Quaker (Victor Janson), le roi obèse des huîtres d’Amérique, est un arriviste content de sa position sociale obtenue après moult travail. Sa fille Ossi (Ossi Oswalda, la Mary Pickford allemande), est une hystérique qui, dès le début du film, pique des crises pour obtenir à tout prix un homme. Le mari doit, bien sûr, être un Prince (« un mari, bitte !»). Ça tombe bien, on lui renseigne « Nucky (Harry Liedtke), un prince ivrogne noceur et pique-assiette. La délirante histoire de Monsieur Quaker, ce nouveau riche perverti par l’argent, et sa fille dévergondée et nymphomane face à un noble dégénéré (le faux et le vrai) a été filmée dans les années qui suivent la guerre de 1914-18. Un vaudeville burlesque, proche des Marx Brothers, ou proche des satires de Von Stroheim.
Le roi des huîtres, particulièrement serein face aux gouailleries de sa fille, dit : « cela ne m’impressionne pas du tout ! », jusqu'à ce qu'il regarde, à la fin du film, le lit de sa fille qui a réussi à faire grimper le vrai prince : « Ça, ça m’impressionne » (tout cela en deux cartons). On ne vous raconte pas les bouffonneries de l’Union des filles de milliardaires, parfaites turlupines des prêches antialcooliques. Chez Lubitsch, les femmes sont drôles et savent toujours ce qu’elles désirent contrairement aux hommes.
Le scénario de Die Austernprinzessin, écrit par Hanns Kräly et Ernst Lubitsch, pourrait ressembler à un vaudeville. Il n’en est rien. Il est annoncé comme « une comédie grotesque en quatre actes » ou comment, dans un burlesque déchaîné, se moquer des Américains milliardaires et de la noblesse allemande sans argent. Ce récit ne doit pas nous faire oublier les innovations stylistiques et la maîtrise de la mise en scène d’un film qui date de 1919 !
Le musicien Peter Vermeersch a composé une partition originale pour le film à la demande du Festival International de Flandre-Gand. Ajoutons-y un film de Jules Van Volxem intitulé Douze prix de Brasschaat (1932).
Ernst Lubitsch, Die Austernprinzessin (La princesse aux huîtres), dvd édité par la Cinémathèque Royale de Belgique.