La route devant moi de Aisha Adepoju

Comme la rame du métro qui nous transporte vers un chemin parfois inconnu, passage durant lequel le visage se reflète sur la vitre, tel celui de Nicolle, dont la caméra semble capter un moment charnière de ses vingt ans, le film s’ouvre sur une image de l’inconnu, de l’incertitude et du chemin. La voix de Nicolle en off accompagne cette séquence d’exposition par des anecdotes sur le traçage des chemins dans l’Empire romain.

Rapidement, le film parvient à saisir les moindres gestes quotidiens de la protagoniste lors de ses cours pour préparer le jury central, de ses moments de détentes durant lesquels elle refait le monde, de ses rendez-vous multiples et bilans. Le portrait glisse de l’intime vers l’histoire, et nous laisse entrevoir le passé difficile et violent de Nicolle sous l’emprise d’un homme.

Aisha Adepoju pose un regard bienveillant, avec une caméra proche et en sollicitude, sur sa protagoniste et maintient tout au long du film le mystère sur son passé, le dévoilant par bribes, au détour de conversations au téléphone avec sa mère où lorsqu’elle apprend une sortie de prison. La puissance d’un hors champ se déploie alors dans chaque séquence et accompagne ses rêves et ses projections à l’université tout en jouant sur une ironie dramatique. Envisagé comme un portrait décliné en plusieurs tableaux qui suivent l’évolution de Nicolle dans sa lutte, le film maintient en tension le clivage entre désirs et déceptions, entre les défaites qu’elle surmonte et le déterminisme social qu’elle affronte.

Finalement, La Route devant moi est un film qui nous transporte dans des moments essentiels de l’existence d’une jeune femme qui tente de s’en sortir malgré les épines qui ressurgissent dans sa vie.