La séance était trop courte de Luc Honorez
Critique de cinéma au quotidien « Le Soir », Luc Honorez n'écrit ni ses mémoires ni son top 50 des films les plus aimés, il nous écrit un livre inclassable, tel un lutin, qui comme Alice, franchirait le miroir. On y découvre son amour absolu des femmes à l'écran (pas toutes) qui sont souvent le moteur de la création cinématographique, son goût pour le comique masculin de Benoît Poelvoorde à John Cleese. Les propos de Tsui Hark recueillis par l'auteur nous ont parus d'autant plus importants que ce talentueux cinéaste, méconnu du public belge, est présenté avec une passion digne du talent du réalisateur de Time and Tide. Le tout illustré des propos de comédiens et de réalisateurs.
Au centre de l'ouvrage des textes, d'inégales longueurs, forment un couplet de maximes et sont signées par Hitchcock, Montand, Nicholson Haneke et bien d'autres encore. Luc Honorez a une telle passion pour le septième art qu'il veut résoudre la quadrature du cercle : réconcilier le fan de Mel Gibson avec celui d'Abbas Kiarostami. Pourquoi pas ?
Ces textes sont d'autant plus précieux qu'ils n'ont rien de promotionnels (c'est étonnant à une époque où le marketing remplace l'information). Ainsi en est-il de l'interview burlesque d'Yvan Attal et de Charlotte Gainsbourg où les journalistes sont obligés de travailler sous l'oeil des caméras de Canal +. Que cela tourne au vinaigre ne vous étonnera pas.
L'auteur qui n'a pas sa langue en poche termine son ouvrage en force en nous parlant du phénomène de régression des adoadultes, adultescents. Pertinentes réflexions sur la cible que l'industrie cinématographique vise actuellement. Dans un dernier chapitre intitulé « philosophie dans mon jardin », il nous parle d'un Noël Godin qui ne fait pas qu'entarter en suivant les règles du burlesque, mais est déraisonnable en tout, jouissant des plaisirs de la vie à chaque seconde et du cinéma tous les 1/24 de seconde. La Dernière séance s'achève sur la montée des marches par Clint Eastwood du Palais des Festivals de Cannes. Toute une symbolique. Celle d'un cinéma classique, adulte, d'une mythologie qui produisait des stars, un monde imaginaire et non virtuel.