La trilogie des éléments de Deepa Mehta
Publié le 01/01/2008 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD
DVD-philes
La trilogie des éléments de Deepa Mehta
Vous avez eu l’occasion d’aller aux Indes et vous n’êtes pas allés au cinéma. Drôle de mauvaise idée. Vous n’avez rien vu à Bollywood. J’ai tout vu à Bollywood. L’occasion d’entrer dans des salles comme il n’en existe plus en Belgique (Kinépolis est riquiqui). Vous êtes assis au milieu de plein de messieurs qui, après une heure de film, pleurent comme des madeleines devant une histoire qui vous stupéfie par ses passions enflammées et ses multiples chansons. Après deux heures, tout le monde va fumer sa clope à l’extérieur. C’est la mi-temps. Vous voilà repartis pour deux heures. Que faire ? Dormir ou pleurer comme tout le monde lorsque le héros est prêt à se sacrifier pour sauver la famille d’un attentat islamiste paki (si,si) ? Seulement voilà, le héros n’a pas que des chaussures Redskins, il est footballeur et possède un shot phénoménal qui lui permet d’envoyer d’un pied rapide la bombe au ciel. Frissons. La salle exulte. Bref, vous sortez abasourdi ou anéanti avec l’idée d’en essayer un autre en espérant qu’il soit encore plus fou.
Vous avez eu l’occasion d’aller aux Indes et vous n’êtes pas allés au cinéma. Drôle de mauvaise idée. Vous n’avez rien vu à Bollywood. J’ai tout vu à Bollywood. L’occasion d’entrer dans des salles comme il n’en existe plus en Belgique (Kinépolis est riquiqui). Vous êtes assis au milieu de plein de messieurs qui, après une heure de film, pleurent comme des madeleines devant une histoire qui vous stupéfie par ses passions enflammées et ses multiples chansons. Après deux heures, tout le monde va fumer sa clope à l’extérieur. C’est la mi-temps. Vous voilà repartis pour deux heures. Que faire ? Dormir ou pleurer comme tout le monde lorsque le héros est prêt à se sacrifier pour sauver la famille d’un attentat islamiste paki (si,si) ? Seulement voilà, le héros n’a pas que des chaussures Redskins, il est footballeur et possède un shot phénoménal qui lui permet d’envoyer d’un pied rapide la bombe au ciel. Frissons. La salle exulte. Bref, vous sortez abasourdi ou anéanti avec l’idée d’en essayer un autre en espérant qu’il soit encore plus fou.
D’accord en ce qui concerne l’Inde, vous avez vu les films de Satyajit Ray (Le salon de musique et Les joueurs d’échec), de Guru Dutt (Fleurs de papier), Bimal Roy (Deux hectares de terre), Mrinal Sen (Monsieur Shome) ou Mira Nair (Salaam Bombay). C’est le moment de découvrir un nouveau phénomène : Deepa Mehta.
Cinéart a la bonne idée de nous présenter sa trilogie des éléments : Fire (1996), Earth (1998) et Water (2006).
Fire commence devant le Taj Mahal, un mausolée devenu l’endroit le plus célèbre de l’Inde devant lequel les couples unis viennent respecter la tradition nationale. Celle-ci, pour Jatin, consiste à épouser Sita afin de fournir à sa famille une descendance. De la passion, il n’y en a pas, Jatin voulant épouser une femme qui refuse. Classique hindou me direz-vous, sauf que délaissée par son mari, Sita va aimer sa belle-sœur avec passion. On ne va pas vous étonner en vous disant que Fire a provoqué des émeutes. Vous pensez bien que chez nous les lesbiennes commencent à peine à être tolérées, aux Indes c’est une catastrophe d’autant plus grande que les femmes célibataires sont considérées comme inutiles et que les veuves, chassées de la maison du mari, se retrouvent confinées dans des espèces de monastères.
Ne croyez pas que ce film soit tragique. Deepa Metha a réalisé un film qui ne fait pas que critiquer une tradition révolue, mais traite la situation avec un certain humour. Le tout étant accompagné d’une très belle musique.
Ne croyez pas que ce film soit tragique. Deepa Metha a réalisé un film qui ne fait pas que critiquer une tradition révolue, mais traite la situation avec un certain humour. Le tout étant accompagné d’une très belle musique.
Earth conte une histoire d’amour entre amis de religions différentes se battant pendant la séparation de l’Inde et du Pakistan en 1947. Le tout à travers le regard d’une fillette de 8 ans d’origine paki qui assiste aux déchirements de ses amis : des joutes verbales à la violence. Le film est inspiré de Cracking India un livre écrit par Bapsi Sidhwa, un auteur pakistanais. « Elle a dit, signale Deepa Mehta, quelque chose qui a éveillé en moi le sentiment de vouloir déclarer la guerre. Elle disait que toutes les guerres se produisent sur les corps des femmes. Nous évitons de prendre position contre l’injustice, en Inde ».
Un film étonnant à la musique lancinante.
Un film étonnant à la musique lancinante.
Water.
Le film le plus exceptionnel de Deepa Mehta tourné en 2000. Attaqué par les fondamentalistes hindous, le film a dû s’interrompre; les émeutiers n’hésitant pas à brûler les plateaux de production. Et pourquoi donc siouplait ? Parce qu’il nous parle de l’un des pires scandales dont l’Inde n’arrive pas à se débarrasser : la condition des veuves après le décès de leur mari. Victime d’une tradition ancestrale, Chuyla, jeune veuve, se retrouve après la perte de son mari, coincée jusqu’à sa mort dans une maison dans laquelle les veuves vivent en pénitence. Ces femmes parias, la tête rasée, mendient mais vont être ébranlées et se révolter grâce à la présence de Chuyla.
Le film le plus exceptionnel de Deepa Mehta tourné en 2000. Attaqué par les fondamentalistes hindous, le film a dû s’interrompre; les émeutiers n’hésitant pas à brûler les plateaux de production. Et pourquoi donc siouplait ? Parce qu’il nous parle de l’un des pires scandales dont l’Inde n’arrive pas à se débarrasser : la condition des veuves après le décès de leur mari. Victime d’une tradition ancestrale, Chuyla, jeune veuve, se retrouve après la perte de son mari, coincée jusqu’à sa mort dans une maison dans laquelle les veuves vivent en pénitence. Ces femmes parias, la tête rasée, mendient mais vont être ébranlées et se révolter grâce à la présence de Chuyla.
Deepa Mehta s’est inspirée d’une scène qu’elle a vécu à 10 ans en découvrant une veuve hindoue : « Pliée comme une crevette, le corps desséché par l’âge, les cheveux blancs rasés très courts, elle a détalé à quatre pattes, cherchant furieusement quelque chose qu’elle avait perdu sur les marches du Gange ».
Cinq ans plus tard, ce superbe film a été relancé et terminé au Sri Lanka dans le plus grand secret !
La trilogie des éléments : Fire, Earth, Water, de Deepa Mehta. 3 DVD édités par Cinéart et diffusés par Twin Peaks.