Cinergie.be

Le Garage Inventé de Claude Schmitz au Théâtre de Liège du 22 au 28 septembre

Publié le 22/09/2024 par Nastasja Caneve / Catégorie: Événement

Il était une fois…

La dernière fois que le réalisateur et metteur en scène Claude Schmitz est venu au Théâtre de Liège, il avait été claquemuré pendant un confinement infini avec sa joyeuse troupe alors qu’il préparait Un Royaume (2020). Avec ses alliés sauvages, notamment Lucie Debay et Francis Soetens que l’on retrouve dans son Garage inventé, il décide de faire un film, entre création, adaptation et réinvention du spectacle alors confiné dans l’espace-temps : Lucie perd son cheval (2021). Le Garage Inventé apparaît alors comme une suite logique, comme une évidence, comme une nouvelle incursion dans le pays des rêves.

Le Garage Inventé de Claude Schmitz au Théâtre de Liège du 22 au 28 septembre

Comme dans Un Royaume, finalement présenté quand le Théâtre de Liège avait pu rouvrir ses portes, Claude Schmitz offre un spectacle total présenté sous la forme d’un triptyque : un film prologue, un spectacle, un épilogue filmique ouvert à… Suite au prochain épisode. Ce qui anime dans le théâtre et le cinéma du metteur en scène, ce sont ses acteuri.ces qu’il choisit par affinités profondes. Qu’iels soient professionnel·les ou amateur·ices, iels ne sont jamais arrivé·es sur ce plateau par hasard. Ils semblent tous·tes dans une quête intime, comme une Lucie qui cherche son cheval. Claude Schmitz et Lucie Debay, c’est une amitié compréhensive entre une actrice et un metteur en scène. Les questions de Lucie, femme, mère, actrice sont au centre du plateau. Les femmes de la vie de l’actrice, sa grand-mère, sa mère, sa fille Nao font partie du jeu et interviennent dans les parties filmiques du spectacle. Comment être femme et actrice ? Comment être mère et actrice ? Comment être femme et personnage féminin ? Jusqu’où va-t-on ? Qu’est-ce qui est important ? La renommée ? La vie ? Autant de questions qui jalonnent les scènes du Garage Inventé.

La frontière est ténue entre fiction et réalité, on passe de l’un à l’autre quand les paupières tombent et que le songe envahit. Lucie se réveille cette fois dans un garage glauque où les vieux moteurs sommeillent, où les statues antiques trônent et où ses noces se préparent. Les moteurs vrombissent sous les abracadabras d’un magicien chorégraphe, les néons clignotent en un claquement de doigt, les robes se froissent frénétiquement, les épouses colorées d’un Barbe bleue gominé se succèdent mystérieusement et le téléphone sonne, trop fort, tout le temps. Ce garage, c’est l’antre des moteurs de l’imaginaire, là où se tirent les ficelles des fables. Dans le théâtre de Claude Schmitz, les récits s’enchevêtrent, se superposent, s’annihilent au gré des acteur·ices évoluant sur ce plateau macadam macabre.

Il y a quelque chose du spectacle entier, du spectacle en train de se questionner, du metteur en scène démiurge, de l’homme-orchestre de Méliès, du Deus ex,machina qui pointe le projo sur les failles de l’Homme, sur ses besoins, ses envies, ses contradictions. On ne change pas une équipe qui gagne sur le plateau mais aussi une équipe technique fidèle avec Amélie Géhin pour les lumières et Thomas Turine aux platines qui soulignent le trouble et rassemblent dans un même espace les niveaux de récit.

Le Garage Inventé, c’est le lieu de tous les possibles, c’est un lieu de rencontres entre Rostand et un directeur technique, entre Tchekov et une actrice en quête de paillettes, entre une petite fille et un maître Zazen, entre un cheval à fil qui ne sait pas flotter et un dragon barbu qui mange des cornets de glace.

Tout à propos de: