Est-ce que nos ex-relations sont définitivement extérieures à notre existence ? Dans leur nouveau film, Le Syndrome des amours passées, Ann Sirot et Raphaël Balboni nous plongent dans le quotidien d’un couple somme toute très banal. Sandra interprétée par Lucie Debay et Rémy qui emprunte les traits de Lazare Gousseau s’aiment, et cherchent à avoir un enfant.
Le Syndrome des amours passées de Ann Sirot et Raphäel Balboni
C’est là que le bât blesse. Atteints d’un syndrome rarissime, appelé syndrome des amours passés, les deux amants sont soumis à un blocage psychologique lié à leur passé amoureux, qui a pour cause de les empêcher physiquement d’engendrer un enfant. En guise de traitement, leur médecin les invite à recoucher avec l’ensemble de leurs ex pour mettre fin au blocage. Pas si loin de Scott Pilgrim qui se devait, lui, de vaincre tous les ex de son amoureuse pour obtenir sa main dans le film culte, Scott Pilgrim vs the World, d'Edgar Wright. Chamboulés d’abord, ils décident rapidement de passer à l’acte. Très organisés, ils listent, contactent, occupent leur temps libre et leurs murs blancs à retrouver et reconquérir leurs anciens amours. Notamment pour Sandra qui a multiplié les conquêtes, histoire de remettre en question avec finesse et intelligence, toutes les normes hétéros et phallocentrées qui règnent dans notre société. Bref, ils creusent dans le passé pour construire un futur.
Couple foudroyant de naturel et de complicité à l’écran, le duo Lazare Gousseau Lucie Debay nous attire rapidement dans leur quête. Mêlant, humour, amour et drame, leur relation explore tout en subtilité les limites de ce que c’est qu’être ensemble. Et pose cette question très contemporaine : est-il si important d’avoir un enfant ? Est-on prêt à tout risquer ? Dans cette épopée, Sandra se perd, mais Rémy se trouve dans le polyamour. Applis de rencontres, anciens petits ami(e)s, doutes et jalousie font leur apparition dans une vie à deux déjà mouvementée. Les voilà à la croisée des chemins.
Pour illustrer leur univers d’une fantaisie et d’une inventivité folle, les espiègles Ann Sirot et Raphaël Balboni qui ont déjà signé le tendre Une vie démente récompensé de 7 Magritte, emprunte aux univers pulp et oniriques de Bertrand Mandico ou de Yann Gonzalez. Les scènes de sexe nous apparaissent alors comme des danses, des transes, où néons, strasses et paillettes sont rois. En découle un film où le réalisme magique vient donner au parcours d’un couple qui s’étiole face à de nouvelles règles du jeu floues, une certaine beauté.
Et pour dynamiser le tout, pour donner du rythme à cette comédie romantique d’un nouveau genre, les réalisateurs abusent de la variation entre la langueur des plans-séquences et la brutalité du montage en jump cut. Et habillent les séquences de musique électro puissante, ou de balades baroques mélodieuses.
On sort affublé d’un sourire doux de cet audacieux voyage dont le final confirme et signe de manière frontale et transgressive : passez votre chemin si vous êtes attachés aux conventions.