Dans le film Le Tour du livre, Maxime Coton, réalisateur, poète et protagoniste, décide de parcourir la campagne belge jusqu’à Bruxelles pendant la crise du COVID avec son vélo et une remorque en bois pour partager à des inconnus des extraits de son livre et s’entretenir avec eux à propos de thèmes littéraires. Il lit aussi des passages de son œuvre à voix haute devant des paysages estivaux grandioses et fleuris situés dans toute la Wallonie.
Le Tour du livre, Maxime Coton, 2021
Lors de ses nombreuses rencontres avec des personnes de tout horizon, tout âge et toute classe sociale, il leur pose une question abstraite, mais qui offre des réponses riches et touchantes qui nous vendent du rêve : « Quelle est votre définition de la poésie ? » La diversité des réponses nous permet de déceler la personnalité sous-jacente des personnes avec lesquelles le cinéaste s’entretient. La poésie donne sens à la vie des un·e·s, désarticule celle des autres et fait renaître certains dans une nouvelle enveloppe corporelle. Elle peut aussi évoquer l’inexprimable, nous dévoiler notre âme d’enfant en admiration devant le beau et le bien. Pour les esprits plus pragmatiques, il s’agit d’un phénomène physique, d’une simple concordance esthétique de phrases.
Le constat global est évident : les mots comme le monde ont perdu leur sens pendant la crise du COVID, mais grâce à ce film, nous sommes émerveillé·e·s par tous ces artistes loufoques et humbles qui redoublent de créativité pour trouver un exutoire à ce monde déchu. Même si, selon Maxime, la poésie ne fait pas sens – ce qui se reflète dans ses logorrhées insensées, mais drôles, cette absurde légèreté se marie parfaitement avec le défi sanitaire sociétal et mondial auquel tous les participants du documentaire font face. La poésie du documentaire réside dans ce portrait des imperfections, aspérités de la beauté de la nature et des humains, car comme le dit l’une des personnes interviewées, la poésie est une délicatesse entre la force et la vulnérabilité.