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Les antécédents familiaux de Mathilde Blanc

Publié le 21/06/2021 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Avec son documentaire Les antécédents familiaux, la jeune Mathilde Blanc, étudiante à l'INSAS n'est pas partie très loin pour tourner son film de fin d'études... Il faut dire que sa propre famille constituait un sujet en or, et il aurait été dommage de passer à côté. En compétition « Jeunes Talents belges » du festival Millenium, en plus d’être dans celle du FIPADOC, le festival du documentaire de Biarritz, Les Antécédents familiaux est un film de famille original et terriblement poignant.

Les antécédents familiaux de Mathilde Blanc

Olivier, le père de la réalisatrice, est pharmacien. Apprenant que son père biologique n'est sans doute pas celui qu'il pensait, Olivier part en quête de ses antécédents familiaux afin de savoir quelle maladie il devra tôt ou tard affronter. Olivier Blanc est un véritable personnage de fiction, un Woody Allen version rondouillard, pétri d’angoisses existentielles. Sous ses airs bonhommes, il s’emploie malgré lui à gâcher la vie de ses proches par une hypocondrie démesurée qui semble même le maintenir en vie, le mettre en mouvement. Obnubilé par la maladie atroce qu'il pourrait bien avoir, Olivier passe donc de médecins en médecins, de salles d’examens en salles d’examens. Le diagnostique semble assez clair : les copains-médecins le déclarent en pleine forme. Mais que nenni, à la maison, l’hypothétique maladie a tout envahi et elle est devenue l'unique sujet : à table avec les amis, dans le salon avec sa femme et son fils, dans la chambre à coucher ou dans la cuisine.

Tout à la fois insupportable et terriblement attachant, notre anti-héros crève littéralement l’écran. Nous suivons de près ses recherches pour connaître les causes de la mort de celui qui visiblement est son père biologique et les révélations qui lui sont faites ne font qu’augmenter ses angoisses. Les recherches qu’il mène aboutissant aussi à la découverte d'une nouvelle famille pourraient être propice à de belles rencontres mais Olivier, on l’a compris, n’a pas la tête disponible pour accueillir de nouveaux liens... Plus en retrait au départ, l’épouse d’Olivier, Soizick, semble supporter vaillamment la situation jusqu’au basculement total du film au détour d’une scène d’intimité dans laquelle Soizick, devant son miroir, se prépare à sortir.

La maladie imaginaire d’Olivier cacherait-elle une autre maladie, bien réelle ? Ce qui semble au départ être un aveuglement égoïste ne serait-il pas plutôt le signe d’un amoureux qui inconsciemment voudrait s’aveugler ? Mathilde Blanc met ses parents en scène avec un talent certain et signe là une très belle déclaration d’amour, d’amour visiblement incurable.

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