Dans le cadre de sa formation en alternance, Siméon passe le début de la semaine dans une maison de retraite, où il se professionnalise dans les soins aux personnes âgées. Très vite, il constate que sa perception du professionnalisme n’est pas la même que celle qu’on lui enseigne, qu’il s’agisse de ses formateurs ou de ses collègues. Cette expérience est pourtant fort enrichissante, pour lui comme pour les résident·es qui partagent son quotidien.
Les Dames blanches (Dance me to the air), Camille Ghekiere, 2024

Siméon un est jeune homme d’origine dominicaine, qui vit avec sa mère et son frère dans un appartement à Gand. La journée, il est en cours ou à la maison de retraite ; le soir, il livre des repas sur son vélo. Il aborde son quotidien avec un sourire égal, qu’animent une détermination et un dévouement sans pareils. Les patient·es qu’il rencontre reçoivent ce sourire comme un remède, appréciant sa sollicitude et son optimisme. Siméon se montre attentif et apprécie la conversation. Tandis qu’elles s’attachent progressivement à lui, ses supérieur·es et responsables freinent son esprit de spontanéité. En cours, on lui enseigne des méthodes précises et conformes d’aborder les relations aux “bénéficiaires de soins”, qui, du point de vue de Siméon, rendent les rapports neutres et distancés. En outre, c’est précisément pour sa marginalité qu’il est apprécié, une marginalité qui le rend infiniment humain. Il n’en est pas moins que la vie des résident·es semble rayonner, comme si les difficultés liées à l’âge et la santé s’atténuaient. Siméon leur apporte une confiance dont ces personnes ont besoin pour affronter certaines épreuves. Toutefois, il doit veiller à ne pas devenir « important » pour elles, afin d’éviter de créer un rapport de dépendance prétendument néfaste.
La relation qu’il continue d’entretenir avec sa grand-mère décédée joue un rôle important dans son choix professionnel, mais aussi dans sa manière d’interagir avec les patient·es. Il semble hériter d’elle son tempérament chaleureux, enjoué et festif, qui le ramène également à sa terre natale qu’il a plaisir à décrire autour de lui.
En proposant une immersion dans une maison de retraite de Gand avec de vrai·es résident·es, Camille Ghekiere ouvre une première approche documentaire, que plusieurs séquences viennent progressivement contraster, mettant en scène Siméon, rencontré lors de son premier documentaire, Newcomers, dans sa vie personnelle et familiale. Certains choix esthétiques, particulièrement en matière de lumière, de montage et de son, réorientent la représentation vers un mode plus fictionnel. Il est notamment alimenté par une propension à l’humour que révèle la réalisatrice, qui émaille le propos et aiguise la représentation.