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Les folles aventures de Simon Konianski

Publié le 04/11/2009 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

Le second film de Micha Wald se détourne du parcours épique plein de lyrisme des Casaques de Voleurs de chevaux. Avec Les folles aventures de Simon Konianski, nous sommes dans un road movie burlesque. Micha Wald, qui a réalisé le splendide Alice et moi (court métrage, Prix du jury jeune à Locarno en 2004), lui donne, en quelque sorte, une version longue avec Simon Konianski. (« Afin d'éviter la frustration de devoir couper pour adapter mes histoires au format court, j'écris généralement en parallèle un traitement de long métrage. C'est donc pendant Alice et moi qu'est né Simon Konianski »).

Simon, interprété par Jonathan Zaccaï (impeccable), rejette son identité juive. Il s'estime non pratiquant de la religion hébraïque (la Bible), contre la circoncision, pro palestinien et, comble de tout, amoureux d'une danseuse goy, sa femme, qui lui préfère un danseur brésilien particulièrement sexy avec qui elle chorégraphie des entrechats sur scène, allumant, dans cette espace, le désir des spectateurs masculins. Avouez que cela dévisse quelques boulons.

Simon, éternel adolescent, hypocondriaque surveillant tous les médocs, se retrouve chez Ernest (Popek, superbe) son père, vieux schnoque radin qui s'habille avec des pulls de la même couleur que son canapé. Péniblement lourd. Ajoutez-y Maurice, l'oncle paranoïaque, ayant survécu à la guerre d'Espagne et qui se croit, du matin au soir et du soir au matin, poursuivi par des fascistes au point de s'affubler de postiches. Heureusement, Simon a un fils, Hadrien, particulièrement distrayant, bien que passionné par les aventures d'Ernest, son grand-père, rescapé du camp de Majdanek, « ces horreurs » dont Simon a ras-le-bol, siouplait ! Arrêtez la logorrhée sur la guerre 40-45 et les camps, siouplait, arrêtez de débiter ce qui est arrivé, et qui risque de revenir si on ne s'en souvient pas, siouplait ! C'est le passé. Conflit générationnel de la diaspora et conflit entre juif et goyim.

Seulement voilà, la mort du père, qui désire être enterré dans son Ukraine natale, va dépasser plus encore Simon et nous entraîner pour un long parcours délirant. L'oncle et la tante, Simon et Hadrien (son petit garçon) se retrouvent dans une voiture avec le corps d'Ernest. Voici le quatuor traversant l'Allemagne en essayant de rester cool au milieu des pulsions de deux hallucinés, l'un paranoïaque, l'autre hypocondriaque. Sapristi, soyez cool, restez-le et soyez là. On est – scène osée et réussie du film – à Majdanek où la famille s'arrête pour voir le camp dans lequel Maurice a vécu et, surtout survécu. Découverte de « radio-chiottes », c'est-à-dire les latrines, seul endroit où les déportés pouvaient se parler.( « Sur le plan narratif, explique Micha Wald, c'était fondamental que cette séquence soit dans le film. Simon fait le voyage inverse de celui de son père ».)

La mémoire du passé qui, chez les Konianski, semblait avoir sautée une génération, revient comme un boomerang à Simon qui retrouve ses repères et se réconcilie avec sa judaïté. Il capte l'essentiel grâce à Hadrien, son gamin, aussi tourbillonnant que sa femme goy de qui il hérite tous les traits de caractère. La transmission entre trois générations s'est opérée.

Les folles aventures de Simon Konianski est un film drôle et séduisant qui nous a beaucoup rappelé le monde des personnages de Wes Anderson (La famille Tannenbaum), éternels adolescents, ne comprenant rien au monde adulte et ne désirant surtout pas y entrer. Simon, en véritable bohème, se réveille tard, est incapable de gérer une vie dite normale. Ce qui lui permet, et c'est en cela qu'il nous fascine, de conserver un regard sur le monde proche de la révolte, hors du spectacle formaté d'un monde prétendument sans souci.

Sortie en Belgique le 25 novembre 2009

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