Cinergie.be

Les yeux carrés de Laure Massiet du Biest et Louison Assié

Publié le 06/05/2021 par Solenne Deineko / Catégorie: Critique

Ce court-métrage de 2020, réalisé par Laure Massiet du Biest et Louison Assié, est dans la compétition Jeunes talents belges du festival Millenium. Il pose une question simple : alors que les caméras de surveillance fleurissent dans tout Marseille, comment mener la résistance et garder son entière liberté ?

Les yeux carrés de Laure Massiet du Biest et Louison Assié

 

La liberté d’un Homme s’arrête là où commence celle des autres. Où commence-t-elle et où s’arrête-t-elle quand l’autre est une caméra de surveillance ? Quand l’autre est un algorithme prédictif et automatisé, déclarant comme suspect le moindre pas de travers, le moindre écart de la "norme" ? Tout arrêt net dans la marche, le moindre demi-tour, une course soudaine et effrénée, tous deviennent suspects. Alors que certains et certaines cartographient et recensent les caméras marseillaises, d’autres tentent d’obtenir des informations sur celle qui se se trouve en bas de chez eux, en face de l'appartement. Ces caméras sont supposées filmer la rue, pourtant, avec une vision à 360°, comment être sûr qu’elles ne jettent pas un œil chez nous, dans notre intimité ? Appel après appel, le jeune homme en proie à cette situation ne reçoit aucune information claire, on le renvoie à droite, à gauche, dans un labyrinthe administratif presque digne des 12 travaux d’Astérix. C’est clair, le sujet pose question, autant pour les protagonistes que les spectateurs. Au-delà du questionnement, le film nous propose des temps morts, des respirations, pendant lesquelles on assiste à une chorégraphie au cœur des rues de Marseille. Une chorégraphie pour fuir les caméras ou les déranger. Des arrêts nets, des demi-tours, des courses soudaines et effrénées, tout ce qui paraît suspect est pourtant là. Sans que rien ne se passe. La danse comme désobéissance civile, l’art au profit de nos libertés, comme il l’a toujours été.

Tout à propos de: