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Lupus, Zoé Brichau, 2021

Publié le 22/05/2023 par Basile Pernet / Catégorie: Critique

A la suite d’une opération de police sur des civils, un agent tire accidentellement sur l’une des personnes interpellées, sous le regard d’un témoin filmant la scène. De retour chez lui, il retrouve sa jeune fille et son compagnon. Obsédé par son acte, il remet en question sa propre obéissance aveugle devant sa hiérarchie ; à l’évidence, les agents ne savent pas qui ils traquent, ni pourquoi. Un chemin périlleux s’ouvre à Alex pour (re)conquérir sa force morale, (re)prendre le contrôle de sa vie et parvenir à la rédemption.

Lupus, Zoé Brichau, 2021

Le sujet choisi par Zoé Brichau peut sembler très consistant pour tenir dans un court-métrage, pourtant elle y parvient avec une certaine facilité apparente et beaucoup de tact. Le récit contient une force dramatique solide, servie par une économie de moyens techniques qui fait sens. La quasi-totalité est filmée caméra à l’épaule, au moyen de pellicules argentiques, et le son en général à quelque chose de très brut, telle la rumeur de la ville le soir venu. Des intérieurs très chauds, des extérieurs très froids, des trottoirs luisants et des mouches sur les lavabos. Lupus se situe à la croisée de genres voisins, que sont le policier, le thriller et le film noir. Mais il contient aussi une certaine absurdité glaçante. En l’occurrence, les personnes interpellées par les policiers ne sont rien de plus que des militants et activistes colleurs d’affiches (vraisemblablement pour l’égalité des sexes), et pourtant bien des vies sont mises en danger. Néanmoins, cette absurdité n’est que la parure d’une violence tragique irréversible. Lorsqu’Alex retourne voir la femme qu’il a blessée durant la première interpellation, il découvre qu’il l’a définitivement privée de la possibilité d’être mère. Plus tard, la scène d’affrontement finale constitue le point d’orgue de ce cauchemar urbain.

Malgré quelques scènes, hélas, trop conformes aux pratiques cinématographiques d’aujourd’hui, Lupus retient l’attention par son esthétique agréablement sale, par sa tension dramatique, ses partis pris techniques, et par la pertinente sobriété de ses dialogues. Un court-métrage qui nous parle de désobéissance, voilà qui est toujours intéressant !

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