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Mariées mais pas trop de Catherine Corsini

Publié le 01/09/2003 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique
Mariées mais pas trop de Catherine Corsini

Où sont les bulles ?

 

Après un drame psychologique torturé (La Répétition), qui confrontait de manière assez plombée Pascale Bussières et Emmanuelle Béart, Catherine Corsini revient au genre qui lui a le mieux réussi (avec La Nouvelle Eve): la comédie. Je dirais même plus, mon cher Dupont, une comédie fofolle, délirant tout plein dans son bocal. Un sujet qui a donné aux producteurs liégeois de Versus Productions et à Wallimage l'envie de monter dans le bateau. Avec le partenariat de la RTBF, et les noms de Philippe Blasband (co-scénariste) et Emilie Dequenne au générique, on peut donc écrire que le cinéma belge prend part à cette aventure dans une proportion non négligeable.

 

En scène, une toute jeune femme plutôt nunuche (Emilie Dequenne qui, décidément, fait son trou dans le registre comique) part à la rencontre de sa mère-grand qu'elle n'a jamais connue (Le rôle avait été écrit pour Deneuve, mais « Belle Maman » qui, à soixante balais, se voit mal jouer les vieux pots a eu le bon goût de décliner, laissant la place à Jane Birkin que les rôles de fofolle de 7 à 77 ans n'ont jamais effrayés). Mémé Renée est aussi cynique et désabusée que Laurence est romantique et fleur bleue. Elle chasse le vieux beau plein aux as et se fait épouser. Quelque mois plus tard, mystérieusement, le nouveau marié décède de mort « naturelle » et les fruits généreux de l'assurance-vie tombent dans l'escarcelle de mammie. Voir sa petite fille débarquer dans sa vie est vraiment la dernière chose qu'elle peut souhaiter mais, petit à petit, la mayonnaise va prendre entre les deux femmes et Renée va initier sa descendance aux joies de l'arnaque au mariage. Jusqu'au jour où elles vont tomber sur un os.

 

Une excellente idée de départ (la confrontation de l'oie blanche et de la mémé terrible), des comédiens confirmés, les décors paradisiaques de la Côte d'Azur et de ses palaces, sont autant d'ingrédients de réussite de cette comédie divertissante du samedi soir. Malheureusement, l'équipe peine à les mettre en valeur. Tout le savoir-faire de professionnels confirmés ne sert qu'à délivrer un produit formaté, sans étincelle. Vous savez, la petite flamme du plaisir, le piquant indispensable à la réussite d'une histoire parfumée au suc d'orties. On dirait que personne ne croit à cette aventure. Le spectateur attend une comédie virevoltante, pétillante au rythme endiablé, et là où il fallait légèreté, finesse, doigté, on trouve des personnages caricaturaux, des situations convenues, des dialogues trop peu percutants. Corsini filme sans prise de risque une histoire au rythme relâché, sans véritables rebondissements. Les comédiens font preuve d'une belle énergie pour faire exister des caractères dont on a toutefois beaucoup de difficultés à partager les émotions et les motivations. Même si on prend un plaisir particulier à la prestation de Pierre Richard qui, lui, semble vraiment s'amuser.

 

Car, au-delà de toutes les analyses techniques, c'est sans doute là que le bât blesse le plus. Réussir une comédie doudingue demande certes beaucoup de doigté, mais tout le professionnalisme du monde n'est rien sans le plaisir. Une vraie jubilation qui se communique au spectateur, qui fait oser, sortir des sentiers battus du vaudeville. Cet état de grâce est sans doute ce qui fait le plus défaut à la comédie de Catherine Corsini. Elle mérite cependant le détour pour l'abatage des comédiens, les très beaux décors et de nombreux gags et mises en situation parfaitement réussis.

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