Bruxelles, aujourd’hui. Avant de nous emmener dans la traversée de son passé, présent et futur à l’aide de sa machine à voyager dans le temps faite de brics et de brocs attendrissants, l’artiste plasticienne et cinéaste Marion Sellenet nous présente le mal qui la ronge depuis son enfance, la dystrophie facio-scapulo-humérale ou plus communément appelée FSH. Mais cette pathologie, elle a désormais décidé de l’embrasser et de l’intégrer à sa propre métamorphose, de la voir comme l’opportunité de se réinventer et de découvrir une autre forme de guérison par l’art et le cinéma.
Marion ou la métamorphose - Laëtitia Moreau, Marion Sellenet, 2024
Co-réalisé avec la cinéaste et documentariste française Laëtitia Moreau, et avec l’aide des équipes de Graphoui qui donnent vie aux collages de l’artiste, Marion ou la métamorphose se déroule au gré de ses chapitres, infinitifs conjugués en parcours audiovisuel et introspectif par Marion Sellenet elle-même, à la fois réalisatrice, protagoniste et sujet. Annoncer, transmettre, traverser, s'exprimer, dégénérer, ralentir, cacher, s'assumer, hériter, guérir, autant d’étapes qui nous emportent dans les luttes passées de la cinéaste avec son propre corps, jusqu’à ce que ces ennemis mortels se réunissent dans une paix intérieure que Marion semble avoir atteinte aujourd’hui.
Une transformation que nous suivons au travers du témoignage de l’artiste elle-même, mais aussi de celles et ceux qui l’ont accompagnée durant cette odyssée, à commencer par sa propre famille. Au gré de ces rencontres, entre proches et accompagnant·es du corps médical, Marion Sellenet recrée par le collage et par la photographie les rencontres qui l’ont construite, qui lui ont permis de faire ce pas de plus en avant vers l’étape suivante de sa métamorphose. Et son film de se faire le miroir de cette démarche, accolant et superposant les saynètes tour à tour théâtralisées et captées avec simplicité par une caméra qui ne cherche pas à se dissimuler du cadre.
“Le collage, c’est l’art de faire tenir des morceaux en cohérence. La FSH, elle fait tout l’inverse, elle me fragmente”, glisse doucement Marion au début de son film, résumant à la fois sa vie et cette œuvre artistique plurielle et pluridisciplinaire où se mélangent documentaire, pixilation, théâtre, photographie et une écriture fine et touchante. Une façon souvent habile d’évoquer en quelques images toute la complexité de son parcours, à l’image de ces allumettes consumées qui lui tiennent lieu de jambes, et de ce corps qu’elle plie, déplie, déchire et répare au fur et à mesure que la cinéaste fait la paix avec cette maladie qui l’accompagne encore aujourd’hui.
Forme et fond se répondent ainsi constamment dans ce documentaire à la fois pédagogique et intime, où le partage de l’artiste avec les personnages qu’elle rencontre se métamorphose en partage universel de son expérience loin d’être individuel. Et au gré de ces rencontres, de celle passant de spécialiste FSH de renommée mondiale à madone au canard à celui qui s’identifie à un Giacometti de chair et de sang, Marion ou la métamorphose se dévoile comme un véritable hymne à l’art et à la vie, indissociables.
Pour en savoir plus : https://screen-box.be/portfolio-item/marion-ou-la-metamorphose/
Prochaines projections :
– 12 septembre 2024, 20h15 : Le Foyer – Habay
– 24 septembre 2024, 19h : Cinéma Palace – Bruxelles
– 5 octobre 2024 : in.out.sider Festival, La Vallée – Bruxelles
– 10 décembre 2024, 12h15 : Tiroir des Saveurs – Marche-En-Famenne
– 10 décembre 2024, 10h : Centre Culturel de Schaerbeek