Mary-Ann Chanel… Mary-Ann Total… Mary-Ann L’Oréal… Ce ne sont pas les placements de produits présents dans le film Matapang de la scénariste et réalisatrice Léa-Jade Horlier, mais bien la liste des noms de famille auxquels Mary-Ann, douze ans, aspire. Car, cette jeune enfant, née du tourisme sexuel, arpente les boueuses ruelles nappées de déchets du bidonville d’Angeles City à Manille, en quête de son père français.
Matapang de Léa-Jade Horlier
Publié le 16/05/2023 par Quentin Moyon / Catégorie: Critique
Elle pense, à raison ou à tort, que ce dernier sera susceptible de les sortir de la misère, elle et sa mère, qui se prostitue pour subvenir aux besoins de sa fille. Elle est d’ailleurs prête à tout pour retrouver ce père qu’elle ne connaît pas. Au point d’envisager la proposition indécente de son oncle, qui veut, en échange d’une pseudophotocopie du passeport de son père, la voir se filmer en train de se masturber.
Dans ce film coproduit par Piano Sano Films et Wrong Men productions, la recherche de l’identité est en effet la thématique centrale. Savoir qui l’on est, d’où l’on vient, définit ce que l’on est. Mais de là à gâcher son intégrité physique pour une identité fantasmée ? Le titre du film nous donne une réponse. Matapang en philippin veut dire “brave ou courageux”. Exactement les qualités dont Mary-Ann aura besoin pour faire face aux pièges que sa quête va lui faire rencontrer. Le film est finalement un récit d’apprentissage, parfaitement interprété et mis en scène, qui verra Mary-Ann apprendre à mieux se connaître tout en renonçant à son nom de famille. Paradoxal ? Vraiment ?
