Meander de Dayo Clinckspoor

Au cœur de la montagne, à l’heure où les lions vont boire, les pleurs d’un homme brisent le silence, comme s’il essayait inlassablement de se souvenir, comme un rituel qui l’unit à ce qui n’est plus. Alors qu’au matin ses deux enfants parlent de ce que pourrait ressentir encore leur maman et l’imaginent près de la rivière, lui, n’arrive pas à se remémorer. La tristesse est esquissée par Dayo Clinckspoor avec puissance, isolant ses protagonistes pour qu’ils puissent vivre leurs émotions et les retrouver dans des odeurs ou dans leurs rêves. Le film de Dayo Clinckspoor est orchestré comme un souvenir intime, dont la mise en scène est cyclique, débutant par un chagrin dans la lumière froide et finissant par un deuil, un apaisement au creux d’un feu dans une séquence finale où les mains que l’on devine être celle de la mère enlace son visage avec douceur. L’originalité de Meander tient sans aucun doute dans son traitement, qui éprouve avec finesse la question de la perte d’un proche sous son versant négatif. Comment faire lorsque l’on ne parvient plus à se remémorer et à se souvenir ? Le réalisateur propose une réflexion en puisant dans l’épreuve intime, et dilate par couches d’oppositions la nature, ses éléments et ses textures au corps inerte de la mère. Les dialogues minimalistes laissent place à un silence presque habité par une présence invisible, liant la tristesse à quelque chose de spirituel et reconnectant la famille.

Finalement, le film Meander offre au regard un contraste touchant entre la traversée solitaire du chagrin et sa force spirituelle de reconnexion, rendue possible par ce que la nature a de vivant.

En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/