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Na Tudor de Olga Lucovnicova au Film Festival Gent

Publié le 15/10/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Un séjour idyllique, en apparence. Le retour à la terre de la réalisatrice Olga Lucovnicova dans Na Tudor a tout d’une odyssée printanière dans les souvenirs d’une enfance heureuse. L’un de ceux que nous pourrions nous-même avoir vécu. Mais non.

Na Tudor de Olga Lucovnicova au Film Festival Gent

Derrière cette apparente tranquillité, la cinéaste exorcise, cherche le chemin de son salut, la capacité de pouvoir aller au-delà des événements qu’elle a vécus. Mais en vain. L’araignée est toujours là, celle qui l’avait jadis entourée de ses longs fils gluants, sans qu’elle n’ait aucune échappatoire. Le ton du film ne change pas, le montage reste doux, fin. Le son est tamisé dans ces pièces exiguës, par ces tapisseries seules témoins silencieuses, immobiles. Dans cette douceur du piège insidieux qui se referme sur nous comme il s’est autrefois refermé sur Olga, le propos s’assombrit, les masques tombent. Ne restent que l’horreur d’hier, l’incompréhension et le déni d’aujourd’hui. Comment dès lors dépasser l’indifférence ? Comment panser ces plaies béantes ?

 

Filmer pour survivre, pour révéler, pour partager. Mettre elle-même des mots sur l’innommable, forcer la révélation par l’image. Tel semble être le dernier recours de cette autrice, qui se livre à travers son œuvre. L’ultime moyen qu’elle a pu trouver pour s’offrir la libération que d’autres lui refusent par leur silence, ou par leur déni.

Récit d’une enfance enlevée, entachée avec laquelle la réalisatrice vit. Et qu’elle raconte autant pour sa propre rédemption que dans l’espoir sincère de délier d’autres langues, et de prévenir d’autres destructions.

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