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Notre Village de Comes Chahbazian

Publié le 27/03/2023 par Basile Pernet / Catégorie: Critique

Ce nouveau documentaire réalsé par Comes Chahbazian part à la rencontre de villageois implantés dans l’Artsakh, pour remonter le cours de leur tragique histoire à l’heure de la guerre du Haut-Karabagh (au début des années 1990), peu de temps avant l’indépendance de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. À cette époque, ils firent le choix des armes pour défendre leur village, leurs valeurs, et protéger leur mode de vie. De la bravoure qui porta cet acte de résistance, ne reste aujourd’hui que le goût amer d’une déconfiture morale.

Notre Village de Comes Chahbazian

Au-delà du récit commémoratif de cet épisode délétère sans précédent, c’est un art de vivre à part entière qui est ici représenté. Une existence autarcique, reculée du monde moderne, et orientée vers les travaux manuels et la cohésion avec la nature. Enclavé entre deux puissances antagonistes, le village tente de subsister grâce à son autosuffisance et à l’harmonie du groupe. Cette harmonie sensible persiste encore aujourd’hui, mais davantage au travers d’une souffrance partagée pour le bien commun. Mais le souvenir de ces événements tragiques est d’autant plus amer et poignant qu’il est en train de se reproduire.

C’est au moyen de longs plans fixes que Comes Chahbazian circule dans le village, à la recherche de témoignages et d’activités représentatives de ce mode de vie (manufacture, récoltes, jeux, musique). Cette esthétique visuelle de la sobriété se greffe à la langueur qui règne au sein du village. Elle en rehausse la douleur, les remords, et parfois un étrange surgissement de fierté. Elle parvient toutefois à heurter, notamment lorsqu’elle s’attache à représenter l’exploitation très rudimentaire du bétail.

Il est donc question d’un film du “très réel”, dans lequel le temps s’étire et s’harmonise avec le silence, où les sentiments de dignité et d’accablement résonnent à l’unisson.

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