La vie de Jeanne est monotone, pastel, ton sur ton. Enfermée dans son quotidien, rien ne semble pouvoir l’extraire de sa sempiternelle routine, de ses passages au lavoir, de ses journées à la galerie. Et puis soudain, Paul est là. Elle ne sait pas pourquoi, ni comment. Lui non plus, d’ailleurs. Ils devront néanmoins cohabiter quelques jours, le temps peut-être de se retrouver, de s’apprivoiser à nouveau, de se redécouvrir l’un l’autre, pour mieux se dire au revoir.
Paul est là de Valentina Maurel
Avec Paul est là, Valentina Maurel déroule son deuxième court-métrage, film de fin d’études à l’INSAS en 2016. Franco-costaricienne, c’est après un rapide passage par Paris qu’elle arrive « un peu par hasard » en Belgique, et débute cette formation sans vocation particulière pour la réalisation. Avant de s’emparer de la caméra, c’est au travers de la plume qu’elle travaille son art. Dans son approche et dans la vingtaine de minutes qui composent le film, on ressent en effet ce besoin d’être au plus proche des émotions, de les capturer en quelques bribes de mots, ou de les suggérer par un regard, par un changement d'attitude fugace mais hautement signifiant.
Mêlant les regards de la réalisatrice et de la scénariste, c’est autour de ses protagonistes et forte de ses expériences qu’elle construit son cinéma et ses films, tentant de dépeindre l’humain dans toute sa simplicité. Jeanne et Paul sont des êtres fragiles, réels, avec ces petits défauts et ces instants ridicules devenant peu à peu facettes attendrissantes, caractéristiques des personnages bien écrits. Une écriture portée par les performances de Sarah Lefevre et Bart Cambier, qui donnent au film son ton si particulier, si vrai. Pour accompagner les tribulations de ses comédiens, Valentina Maurel se joue du cadre et des espaces, accentuant la distance qui les sépare. Entre la réalité de Jeanne, celle de Paul, et celle que Jeanne semblait espérer, il y a trois plans distincts sur lesquels navigue la réalisatrice au travers d’images léchées, de cadrages intrigants, de teintes douces et de mélodies pleines de tendresse. Un chassé-croisé habile entre rejet, amour, rêve et réel, démontrant le talent d’une cinéaste en pleine maîtrise de son art.