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Pauline Étienne, actrice dans la 1ère série belge Netflix, Into The Night

Publié le 30/04/2020 par Constance Pasquier et David Hainaut / Catégorie: Entrevue

 "Par son cosmopolitisme et multiculturalisme, Into The Night représente bien la Belgique" 

 

Deux fois nommée aux César et lauréate de deux Magritte, Pauline Etienne est l'un des fers de lance de la nouvelle série Into The Night, première création originale belge pour la plate-forme Netflix composée de 6 épisodes de 40 minutes, imaginés par l'Américain Jason George (Narcos) d'après un roman polonais, The Old Axolotl.

 

Coproduite par les Bruxellois d'Entre Chien et Loup (la série Ennemi Public) et réalisée par le duo flamand Inti Calfat – Dirk Verheye (la série Over Water), ce projet est aussi interprété par Laurent Capelluto, Astrid Whettnall, Babetida Sadjo, Vincent Londez, Yassine Fadel, Laura Sepul, Nabil Mallat ou encore, Jan Bijvoet.

 

Un concept inhabituel à notre échelle, puisque ce huis-clos fantastico-apocalyptique décolle de l'aéroport de Zaventem pour suivre un groupe de rescapés, contraints de rester dans un avion durant une nuit, sous peine d'être confrontés à la lumière du soleil et donc à la ...mort!

 

Confinement oblige, c'est virtuellement - via l'application Zoom, en vogue pour le moment – que nous avons rencontré l'actrice pour évoquer son rôle, au cœur d'un marathon promotionnel un peu inédit. À l'aube d'une sortie simultanée dans 190 pays.

Cinergie: Into The Night est produite chez nous par Entre Chien et Loup, qui avait déjà dans les mains la série Ennemi Public, à laquelle vous participez. Votre présence ici serait-elle en lien entre les deux?

Pauline Etienne: (Elle réfléchit). Je pense effectivement qu'Ennemi Public a eu son impact, car j'y interprétais un rôle un peu plus dur que ceux dans lesquels on a pu me voir jusqu'ici. Cela a donc pu jouer. Quand le créateur Jason George m'a contacté pour le rôle, on a effectué ensemble un travail énorme de recherche. Je sais en tout cas qu'il a vu cette série, ainsi que d'autres films avec moi, comme La Religieuse, Tokyo Fiancée ou Old Boys, que j'ai tourné en Angleterre. 

 

C: Fin d'année dernière, le producteur belge, Sébastien Delloye, nous confiait que pour vous, comédiens belges, il s'agissait là d'une proposition inédite et d'un projet hors-norme. Vous confirmez?

P.E.: Oui! On n'a pas vraiment l'habitude de lire ou de faire un projet pareil. C'est donc excitant de participer à une première série comme celle-là. Dès le départ, l'aspect pionnier de la chose m'intéressait beaucoup. Dès la lecture du scénario, j'ai vu à quoi pouvait ressembler cette série. Donc, quand on m'a validé pour le rôle, j'avoue que j'ai réagi comme une dingue! (rire). Et puis, quand j'ai visionné les épisodes, j'ai franchement été ...scotchée!

 

Into the Night, série NetflixC: Vu cette période de confinement, cette date de sortie est idéale pour la visibilité de la série. Et donc, la vôtre...

P.E.: C'est vrai. Les premiers retours que nous recevons sont déjà très positifs, c'est encourageant. J'avoue que j'ai très envie que ma famille découvre cela, comme le public belge. J'espère même qu'on va en être un peu fiers, de notre belgitude(sourire)...

 

C: Ce projet s'est rapidement mis en place, le premier contact remontant à février de l'an dernier. À quoi ce tournage en Bulgarie a-t-il ressemblé?

P.E.: À trois mois passés à Sofia, dont un et demi dans l'un des plus grands studios d'Europe. En ce qui me concerne, j'étais tout le temps sur place, à l'exception d'un break à la rentrée de septembre. Les journées de travail étaient longues, et les coulisses, entre acteurs, réalisateurs et techniciens, étaient finalement assez proches de l'esprit de la série. On peut parler d'une épopée!

 

C: Vous avez la réputation d'être une perfectionniste. Comment avez-vous préparé ce rôle de Sylvie, cette passagère qui est une ancienne pilote des forces aériennes?

P.E.: Avec Laurent (NDLR: Capelluto), nous avons suivi des cours de pilotage d'avion, pour être le plus minutieux possible, au cas où des professionnels regarderaient la série. On peut difficilement emporter des spectateurs dans une telle histoire si il ne croit pas à ce qui s’y passe. Petite anecdote d'ailleurs, on a tourné une petite partie en Macédoine, où de vrais pilotes nous ont invités dans leur cabine de pilotage: et bien, j'ai réussi à les étonner en leur montrant à quoi servait certaines choses sur leur tableau de bord! On voulait vraiment mettre un point d'honneur à savoir exactement les procédures en cas de décollage d'urgence, etc. Maintenant, je crois même qu'on peut piloter des avions! (rire

 

Into the NightC: Avant le tournage, y-a-t-il eu des répétitions?

P.E.: Oui, avec les réalisateurs et le show-runner, pour justement mettre l'accent sur la comédie et le jeu, qui était un des points importants. Car pour rendre attachants et humains des personnages, il faut beaucoup bosser pour en arriver là. Et encore plus dans une série où il y a de l'action et du suspense, pour créer aussi ce côté jubilatoire. C'est d'ailleurs ce qui, je crois, fait la qualité de cette série.

 

C: Une série dont l'esprit belge se situerait où, selon vous?

P.E.: Dans son côté cosmopolite, avec plein de langages différents (NDLR: le tournage s'est déroulé en anglais, en français et en néerlandais) et de cultures (avec un casting surtout belge mais aussi, allemand, français, italien, polonais, russe, turc...), ce qui est exceptionnel pour une série. Je trouve aussi qu'Into The Night représente bien Bruxelles comme capitale de l'Europe. Et au-delà de ce mix entre nations différentes, nous étions mélangés entre comédiens francophones et néerlandophones, ce qui n'est pas non plus une norme. Je trouve même cool qu'on puisse faire ce type de projets en commun. En fait, il y a une sorte de mini-humanité dans cet avion. C'est comme un petit laboratoire...

 

C: Vous avez parlé de «fierté». Vu l'ampleur du projet, ressentez-vous aussi une certaine pression? Voire un peu d'anxiété?

P.E.: D'impatience, surtout. Parce que ce projet a été - et reste - très présent dans ma vie. C'était la première fois que je tournais si loin de chez moi pendant si longtemps, et puis, on a tissé d'importants liens entre comédiens. C'est devenu une espèce de famille. On a même créé un groupe WhatsApp au moment du tournage là-bas, mais depuis la fin de celui-ci il y a six mois, il n'y a pas un seul soir où on ne s'écrit pas!

 

Into the NightC: Et vous pourriez tous vous retrouver, vu le déroulement de l'histoire qui promet déjà une deuxième saison...

P.E.: On en sait rien du tout (sourire). Il y a dix mille possibilités! On attend juste la sortie. Pour quel public? Peut-être pas pour ma grand-mère de 96 ans, qui aurait une crise cardiaque en voyant ça. Mais pour ceux qui aiment les séries de genre, et même plus, vu la double-lecture, avec ce côté suspense et humain. Mais je crois que ça intègre bien le catalogue large et ambitieux de Netflix, entre séries et films. Car encore une fois non, le cinéma n'est pas mort avec la plate-forme! Pour nous comédiens belges, c'est en tout cas une nouvelle opportunité formidable.

 

C: Quelque chose à rajouter?

P.E.: Je veux sortir d'ici! (rire). Là, j'aurais dû commencer une mini-série Match, une adaptation danoise avec Clément Manuel et Kody. Mais le tournage est repoussé. Comme la pièce dans laquelle je devais jouer à Avignon cet été, qui est annulée. Culturellement, on ne sait pas trop comment s'en sortir dans ce monde qui en a pourtant plus que jamais besoin, mais je préfère voir les choses au jour le jour pour ne pas trop déprimer, en écrivant aussi de mon côté. Je pense qu'il faut s'adapter. On est tous des caméléons, de toute façon. Là, avec ce confinement, ça commence à tirer un peu, mais j'ai conscience de faire partie des privilégiés, avec une maison et un jardin...

 

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