Les éditions Armand Colin proposent une nouvelle collection, contenant cinq titres autour de différentes thématiques du cinéma. Il s'agit d'une sorte de panoramique sur diverses facettes du septième art avec la collaboration de l'équipe de Monsieur Cinéma.
Pervers, amoureux et monstres au cinéma
Commençons par le livre intitulé Péplum de Laurent Aknin. N'arrête pas ton char Ben-Hur, les spectateurs te suivent ! Empereurs, romains fous, femmes fatales, pervers polymorphes, jeunes vierges évanescentes, gladiateurs, culturistes déguisés en soldats… Parmi la période faste des grands films des années 60, tournés à Cinecittà, citons Spartacus (1960) de Stanley Kubrick et Cléopâtre avec l'impériale Liz Taylor (1963), un film dont Mankiewicz, le réalisateur, a toujours refusé de discuter, estimant que le montage, effectué par la Fox, était ridicule.
Autre critère choisi, l'Amour fou comme clé de lecture d'une série de films que nous propose Giusy Pisano. L'incandescence de l'amour, du sacrifice à la rupture, la cruauté de la société vers la folie de l'amour, nous est offerte dans l'Empire des sens (1976) de Nagisa Oshima. Sur la passion extraconjugale, signalons deux chefs-d'oeuvre : Les Liaisons secrètes (1960) de Richard Quine et In the mood for love (2000) de Wong Kar-Waï. La Belle et la Bête nous donne Cendrillon revisitée par Jean Cocteau. Autre conte de fée : Un homme et une femme (1966) avec Jean-louis Trintignant et Anouck Aimée. Le lien entre désir et rêve du prince charmant citons Les Bonnes femmes(1960) de Claude Chabrol, un rien provoc’.
Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto parcourent les icônes des Hommes-objets sur l'écran blanc de nos nuits noires. Le corps de l'homme comme délectation visuelle face à notre propre sensibilité érotique. Du ticheurte mouillé de Marlon Brando dans Un tramway nommé désir (1952) d'Elia Kazan, icône des années cinquante, aux jeunes sensibles comme Montgomery Clift ou James Dean, nous grimpons au pic des années poitrines qu'offre William Holden dans Picnic (1956) de Joshua Logan. On termine avec le caractère masculin d'Harvey Keitel dans La Leçon de piano (1993) de Jane Campion et l'effet félin d'Alain Delon à la sensualité de chat (cat-like) quelque peu féminine. La possibilité, pour le désir sexuel féminin, de s'exprimer aujourd'hui, modifie la donne. Rocco Sifredi, star du X, est repris dans un film d'auteur de Catherine Breillat : Anatomie de l'enfer (2004).
Le spectateur de cinéma comme voyeur… une métaphore qui a fait le bonheur du cinéma d'Hitchcock. Celui-ci s'en amuse habilement dans Fenêtre sur cour (1954). Michel Marie, dans Les grands pervers, analyse l'objet de ce désir à l'appétit insatiable et obsessionnel, illustré par un film culte Le Voyeur (1960) de Michael Powell, véritable manifeste de la scopophilie (ou pulsion scopique), cinématographique. Le parcours du voyeur et de l'exhibitionniste, du sadique et du masochiste, est divisé entre hommes, femmes et couples. Parmi les perverses féminines, ingénues libertines ou allumeuses, il y a Lolita de Stanley Kubrick. Souvenez-vous d'Humbert Humbert vernissant de rouge les ongles de pieds de Lolita, allongée lascivement. La relation sadomasochiste de couples aux pulsions perverses nous la découvrons dans Nana (1926) de Jean Renoir, dans L'Ange bleu (1930) de Joseph Von Sternberg, dans Belle de jour (1966) et Tristana (1970) de Luis Bunuel, tous deux avec une Catherine Deneuve fouettée par le cocher de son mari dans le premier, et au regard noir et cruel dans le second. Michel Marie de conclure que le cinéma n'a cessé de peupler son monde de pervers. Est-ce pour le seul spectacle fascinant qu'il offre à ses spectateurs ?
Les monstres d'Eric Dufour explore les contrastes entre la difformité physique et la laideur morale. Dans la galerie où circulent les anormaux citons Alien, Le huitième passager (1979) et en plus soft, La Féline (1942) de Jacques Tourneur et Rosemary's baby (1968) de Roman Polanski.
Le péplum de Laurent Aknin, L'amour fou de Giusy Pisano, Les hommes-objets de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto, Les grands pervers de Michel Marie, Les monstres d’Eric Dufour, avec l'équipe de Monsieur Cinéma, éditions Armand Colin, 20,75 € par titre.